Le stratège en chef de RBC Marchés des capitaux, profite des sommets boursiers pour rappeler que le multiple cours-bénéfices a peu de valeur pour déterminer la trajectoire de la Bourse à court terme.
Le S&P 500 s’est apprécié de 9,6% et a enfilé 24 records, depuis le début de l’année.
En même temps la ré-accélération économique bat de l’aile, ce qui fait reculer les titres bancaires et d’autres titres plus cycliques.
Jonathan Golub reconnaît que cette divergence incite beaucoup d’investisseurs à conclure que l’évaluation «étirée» des actions est un signal d’alarme.
Or, cette conclusion a deux failles, avance-t-il.
D’un, la majorité des gains boursiers depuis le début de l’année provient de la progression de 5,6% des bénéfices. Le renflement du multiple représente 4% du gain du S&P 500.De deux: même des cours-bénéfice élevés sont de piètres indicateurs pour la Bourse à court terme.
M. Golub apporte toutefois une nuance.
Sur une période de dix ans, le multiple cours-bénéfices a beaucoup d’influence sur les rendements futurs qu’obtiendra l’investisseur pendant la décennie qui suit.
Le taux de corrélation est de 85% entre ces deux facteurs. Évidemment, plus le multiple est élevé, moins bon sera le rendement futur.
Si fie au moment du cycle économique
En revanche, sur une période d’un an, cette corrélation tombe et c’est le cycle économique qui gagne en influence sur le comportement des multiples cours-bénéfices.
Les multiples se gonflent tout au long du cycle économique et se contractent violemment pendant les récessions.
Plus précisément, les multiples cours-bénéfices augmentent de 60% hors des récessions, de l’ordre d’un pourcent par année.
Graphiques à l’appui, le stratège montre que le multiple cours-bénéfice se gonfle de 2 points (en rythme annuel) pendant la première année d’un cycle de croissance économique, d’un point à mi-cycle et de 0,9 points en fin de cycle.
En revanche, le multiple cours-bénéfices se dégonfle en moyenne de 5,1 points, pendant les récessions.
En moyenne, le rendement annualisé des actions atteint 38% au début du cycle économique, de 18,6% à mi-cycle et de 20,8% en fin de cycle. En récession, les actions chutent de 39,8% en moyenne.
« Au cours actuel du S&P 500, ces moyennes pointent vers un gain d’encore 6% pour l’indice »
Puisque RBC prévoit une croissance de 8,4% des bénéfices des entreprises du S&P 500 au cours des 12 prochains mois (le consensus est de 11%) et que la probabilité d’une récession n’est que de 7%, les multiples cours-bénéfices peuvent donc s’enfler d’un pourcent par mois au cours des 12 prochains mois, conclut le stratège.