BLOGUE. C’est bien connu, il n'y a rien de pire pour les marchés que l'incertitude.
Sans visibilité, les investisseurs et les entreprises n’ont pas la confiance d’investir.
C’est ce qui faire dire à James Paulsen, stratège en chef de Wells Capital Management, que le S&P 500 recèle le potentiel de gains de 50 % d’ici 5 ans, si la confiance revenait tout simplement à la normale, dans le plus récent bulletin envoyé à ses clients.
Or, comme si les faillites souveraines en Europe, la plus faible croissance de la deuxième économie mondiale (Chine) depuis la crise de 2008 et le scandale de la manipulation du taux LIBOR en Europe n’étaient pas assez, les Américains doivent aussi composer avec le brouillard entourant les futures politiques du prochain gouvernement américain.
Un indice des Universités de Stanford et de Chicago indique que l’incertitude entourant les politiques publiques a rarement été aussi élevée (voir graphique ci-haut), signale Andrew B. Busch, stratège, politiques publiques, de BMO Marchés es capitaux, dans un récent rapport.
« Les entreprises ne peuvent pas avancer lorsque l’incertitude politique et réglementaire est aussi élevée. Si les Etats-Unis sont gérés de trimestre en trimestre, il est difficile pour les entreprises de prendre des décisions à longue haleine. Comment investir et embaucher lorsqu’on ne connaît pas ses futurs taux d’imposition, le coût des programmes de santé », écrit-il.
L'’indice américain d’optimisme des petites entreprises baisse lorsque celui de l’incertitude des politiques publiques monte, depuis 1986, selon une étude de la Réserve fédérale de Cleveland.
Cette observation n’est pas banale, soutient M. Busch, puisque depuis 1980 la majorité des emplois créés provient d’entreprises de moins de cinq ans d’existence, selon un rapport de la Fondation Kauffman.
L’incertitude politique a atteint un zénith lors du débat sur le plafond de la dette américaine en août 2011. À la fin de 2012, une série d’abattements fiscaux et de programmes de dépenses expireront automatiquement, à moins que le Congrès n’intervienne.
Les obligations : les plus populaires depuis les creux de 2009
Ce manque de confiance se transpose aussi dans les marchés. Les investisseurs professionnels n’ont pas plus confiance en l’avenir ni dans la Bourse.
À la fin de juin, les stratèges des principales firmes de Wall Street recommandaient une répartition moyenne de 40 % dans les obligations, la proportion la plus élevée depuis les creux boursiers de l’hiver 2009.
Cela se compare à une recommandation moyenne de 27,6 %, depuis 1997, rapporte Bloomberg.
Les élections présidentielles de novembre ont donc le potentiel de lever le voile qui empêche justement les entreprises de prendre des décisions, d’investir et d’embaucher, fait valoir M. Busch.