Les cours des ressources et de leurs producteurs pourraient recevoir un coup de pouce inattendu du dollar américain d’ici la fin de l’année.
C’est ce qu’avance Martin Roberge, stratège quantitatif de Canaccord Genuity, pour appuyer sa préférence tactique (relation trade) pour le secteur des ressources à ses clients institutionnels.
Avant tout, le secteur malaimé de ressources est attrayant parce qu’il s’échange à prix d’aubaine par rapport à d’autres secteurs.
Aussii, M. Roberge estime que les chances sont bonnes pour que la croissance mondiale gagne en vigueur et qu'elle soit mieux synchronisée à partir du deuxième semestre, grâce à l’impact décalé de l’assouplissement monétaire (en Europe, au Japon, en Chine, en Inde et bientôt dans d’autres pays émergents) et du recul du cours du pétrole.
La hausse du dollar américain a déjà pour effet de redistribuer la prospérité américaine à ses partenaires, dont les biens exportés deviennent plus concurrentiels.
Le recul du pétrole, en abaissant l’inflation, donne aussi plus de la latitude aux pays émergents de baisser leurs taux et ainsi stimuler à leur tour leuréconomie consommatrice de ressources.
La Fed ne voudra pas enflammer le dollar davantage
La Fed ne voudra pas enflammer le dollar davantage
Toutefois, l’élan du dollar américain pourrait s’essouffler de lui-même. Une simple pause dans la montée du billet vert pourrait en effet inciter les investisseurs et les spéculateurs à réduire leur pari consensuel pour une hausse interrompue de la monnaie américaine.
De plus, M. Roberge croit que la Fed sera plus prudente que prévu quand viendra le temps de retirer son soutien financier à l’économie, afin ne pas enflammer sa monnaie davantage.
Le Fonds monétaire international (FMI) calcule que l’appréciation du dollar américain à ce jour équivaut à une hausse de 1,5% du taux directeur par la Fed.
Pas étonnant alors que les commandes manufacturières pour les biens de consommation et les biens durables aient baissé au cours de huit des neuf derniers mois. C’est le résultat direct du frein du dollar américain sur les exportations américaines, indique M. Roberge.
Une hausse prématurée du taux directeur par la Fed donnerait une nouvelle poussée au dollar américain, qui serait néfaste à l’économie américaine encore fragile.
«La Fed est aussi bien consciente qu’une hausse de son taux directeur pendant que les autres banques centrales réduisent le leur ferait grimper davantage sa monnaie», explique M. Roberge.
Si la valeur de l’indice du dollar américain (DXY) grimpait au-dessus de 110, par rapport au niveau actuel de 95,48, son effet néfaste sur les bénéfices des entreprises américaines et pour la valeur du S&P 500 s’accentuerait.
Le stratège de Canaccord Genuity s’attend plutôt à ce que la Fed donne son premier tour de vis en décembre seulement et qu'elle attende ensuite pour en mesurer l’impact.
«Compte tenu des ventes au détail déjà tièdes et de la hausse modeste des revenus des consommateurs, la Fed ne voudra pas courir le risque de couper les vivres à la Bourse (en relevant ses taux trop tôt) et ainsi renverser l’effet de richesse de la hausse des actions sur l’humeur dépensière des consommateurs», conclut M. Roberge.