Alors que le S&P 500 vient de connaître son meilleur mois d’août depuis 2014 et que le Nasdaq s’est offert le plus fort bond en 18 ans, les chasseurs d’aubaines devraient-il tourner leurs yeux vers les marchés émergents en pleine tourmente?
Il est encore trop tôt pour ce genre de pari à contre-courant estiment les experts, même si la chute spectaculaire du peso argentin et de la lire turque a peu de chance de dégénérer en crise, comme celle qu’avait provoqué la dévaluation des monnaies asiatiques en 1998.
Le bras de fer commercial entre les États-Unis et la Chine s’envenime alors que les tarifs douaniers sur 200 milliards de dollars américains d’importations chinoises supplémentaires seront imposés la semaine prochaine.
Une Chine au ralenti n’est pas une bonne nouvelle pour ses voisins en Asie.
De plus, la hausse des taux par la banque centrale américaine a pour effet d'assécher les liquidités qui assaisonnent l'appétit pour les actifs plus risqués.
D’autres secousses à prévoir
Le taux de volatilité des devises des marchés émergents a atteint la zone de «peur» habituellement propice à l’achat de ces marchés, mais Martin Roberge, de Canaccord Genuity, craint une deuxième secousse des monnaies similaire à celles de 2011 et de 2016.
«Néanmoins, étant donné l’ampleur des dégâts et l’évaluation attrayante des marchés émergents, toute rechute serait une occasion de bâtir une position dans ces marchés de façon plus énergique», écrit-il dans son plus récent bulletin.
Les marchés émergents se négocient à des planchers historiques quand on utilise le ratio qui compare leur valeur (boursière plus la dette) aux revenus des entreprises dans les indices, ajoute M. Roberge.
Research Affiliates recommande un retour aux marchés émergents depuis des mois en partie parce qu’ils s’échangent à un multiple d’évaluation de moitié inférieur à celui du marché américain, en fonction du ratio CAPE qui divise les cours par les bénéfices moyens sur 10 ans ajustés pour l’inflation.
« Sur la base du traditionnel multiple des bénéfies prévus dans 12 mois, l'évaluation de 11 fois des marchés émergents se compare à celle de 17 fois pour les actions américaines. »
Mieux vaut attendre l’an prochain
Chez Capital Economics, les économistes croient qu’une meilleure occasion d’investir dans les marchés émergents se présentera l’an prochain, une fois que le ralentissement américain aura affaibli tous ses partenaires commerciaux.
Dans l’intervalle, la hausse des taux télégraphiée par la Fed aura pour effet de soutenir le billet vert, ce qui accroît le coût de financement des pays émergents qui empruntent en dollars américains.
Cela oblige ces pays à relever leurs propres taux d’intérêt pour freiner la fuite des capitaux, ce qui a aussi pour effet de ralentir l’économie interne, explique Oliver Jones, de Capital Economics.
Une aubaine est une aubaine
Ben Inker, du gestionnaire GMO LLC à Boston est plus catégorique.
Après leur repli de 3,5% depuis le début de l’année (en dollars canadiens), le financier préfère miser sur les aubaines qu’offrent les marchés émergents (abstraction faite de leurs coqueluches techno trop chères) que sur la Bourse américaine.
Et dans un scénario de guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis, M. Inker croit que le pays de M. Trump ne sera pas un si bon refuge pour les investisseurs qu’on le croit.