La plus internationale des banques canadiennes, Banque Scotia, perd le lustre que lui valait ses importantes activités dans les marchés émergents.
La chute de plusieurs devises des pays émergents, les craintes de contagion ainsi que le soulèvement populaire en Thaïlande ont fait tomber l’action de Banque Scotia de 7,8 % depuis le début de l’année, le double des pertes de ses rivales.
Du coup, cette banque a perdu la prime d’évaluation de 5 à 7 % par rapport à ses rivales que lui valaient justement ses activités internationales, depuis 10 ans.
Les marchés internationaux lui procurent presque le tiers de ses bénéfices. Le Mexique et le Pérou contribuent le plus aux bénéfices internationaux de la Banque Scotia, avec une part respective de 23 % et de 21 %. Les monnaies de ces deux pays n’ont toutefois pas connu le plongeon qui ont touché les devises de la la Turquie, de l’Argentine ou de l’Afrique du Sud.
La réaction des investisseurs aux tumultes des marchés émergents est donc exagérée selon deux analystes.
L’un d’entre eux juge tout de même plus prudent de tempérer son enthousiasme envers les perspectives de la Banque Scotia.
« La question des marchés émergents est surtout un problème de perception. Le recul du dollar canadien atténue le recul récent des 10 % des devises du Mexique, du Pérou, de la Colombie et de la Thaïlande où Banque Scotia fait affaires », note Michael Goldberg, de Marchés des capitaux Desjardins.
La décision de la Banque Royale de se retirer de la Jamaïque, où elle perdait de l’argent, pourrait aussi ternir l’aura de la Banque Scotia dans ce marché qu’elle domine.
Potentiel de rebond une fois la tempête passée
Potentiel de rebond une fois la tempête passée
M. Goldberg voit donc dans le recul de l’action de Banque Scotia le potentiel d’un rebond une fois que les investisseurs auront compris que la chute actuelle de certaines monnaies ne fera pas dérailler la croissance supérieure que lui apportent les marchés émergents.
La Banque Scotia reste sa banque préférée et son cours-cible de 72 $ est intact.
Mario Mendonca, de Valeurs mobilières TD, croit toujours que la croissance économique supérieure des marchés internationaux est à l’avantage de la banque au moment où le Canada ralentit.
Toutefois, par prudence, M. Mendonca réduit la croissance des prêts qu’il avait prévu dans les marchés internationaux de 8,6 à 6,6 %, pour 2014 et 2015.
Il s’attend aussi à ce que la croissance des bénéfices des marchés internationaux diminue à un rythme de 3 à 4 % au premier semestre de 2014, pour ensuite rebondir au deuxième semestre.
Il prévoit désormais une croissance du bénéfice consolidé de 5,6 % en 2014 et de 8,5 % en 2015, à l’intérieur de la fourchette des objectifs de la banque.
M. Mendonca abaisse son cours-cible de 76 à 73 $, parce que l’incertitude entourant les marchés émergents ramènera la prime d’évaluation de son titre au bas de sa moyenne, des dix dernières années.