BLOGUE. Le stratège de la firme de négociation Brockhouse Cooper estime que ce n’est qu’une question de temps avant que l’austérité et la récession européenne traversent l’Atlantique et affaiblisse davantage l'économie américaine.
Pierre Lapointe ne croit pas à la thèse du « découplage », par lequel l’économie américaine prend du mieux pendant que l’Europe est en crise.
« Les économies des Etats-Unis et de l’Europe sont désynchronisées, mais elles sont encore couplées. La crise gronde localement en Europe, mais elle fera éventuellement son chemin jusqu’ici », dit-il.
Ce que les investisseurs perçoivent comme un « découplage » est en fait une simple période de décalage, fait-il valoir.
L’effet de contagion est lent parce que les rouages de l’économie européenne sont inflexibles et ralentissent le processus d’ajustement à la crise.
La contagion ne se fera pas non plus par les flots commerciaux de marchandises puisque les exportations américaines vers l’Europe représentent à peine 3 % du produit intérieur brut américain.
Ce sont les liens financiers entre les deux continents qui propageront la crise à l’Amérique, explique M. Lapointe.
Les banques européennes détiennent 3 000 milliards de dollars d’actifs en dollars américains, soit l’équivalent de 20 % du produit intérieur brut américain.
« Lorsque les banques européennes se replieront sur leur propre marché, et financeront moins d’actifs et d’emprunteurs américains, l’économie américaine s’en ressentira ».
Les répercussions européennes surviennent à un moment où les dépenses de consommation des Américains dépassent la croissance de leurs revenus, dans un marché résidentiel encore déprimé.
En 2013, les Etats-Unis devront aussi faire face à leur propre crise fiscale, conclut M. Lapointe.