BLOGUE. On accuse souvent les financiers d’extrapoler les plus récentes tendances pour établir leurs prévisions.
Parfois, il arrive qu’une tendance ait assez d’élan ou qu'elle bénéficie de facteurs fondamentaux assez solides pour durer.
C’est le pari de la banque d’investissement Goldman Sachs qui prévoit pour 2015 un prolongement de plusieurs des tendances ayant marqué 2015.
L’avenir dira si Dominic Wilson, économiste des marchés en chef, a vu juste.
Avant d’entrer dans le détail des thèmes, voici quelques-unes de ses prédictions pour l'an prochain :
- le S&P 500 terminera 2015 à 2100, soit 2,5 % de plus que son niveau actuel de 2028
- les taux américains repères de 10 ans atteindront 3 %, par rapport à leur niveau actuel de 2,32 %
- l’or complètera l’année 2015 à 1 050 $ US l’once, pour une baisse d’encore 11 %
Maintenant quels sont ces dix grands thèmes ?
Maintenant quels sont ces dix grands thèmes ?
1 - Une croissance mondiale plus élargie
L’économie américaine restera sur son parcours actuel de croissance et continuera aussi d’être la principale locomotive mondiale.
Les conditions monétaires favorables, ainsi que le recul du pétrole, donneront tout de même un coup de pouce aux économies de l’Europe et du Japon.
L'économie des marchés émergents prendra aussi du mieux, bien que la croissance de la Chine continuera de ralentir.
De nouveaux chocs en Europe et en Chine demeurent les deux principaux facteurs de risque.
2 - Les divergences persistent parmi les pays développés
Les divergences économiques influenceront évidemment les politiques monétaires. Alors que la Fed américaine se dirige vers un premier relèvement de ses taux, les banques centrales du Japon et de l’Europe prolongeront leur détente monétaire.
M. Wilson s’attend notamment à ce que la Grande-Bretagne et la Norvège emboitent le pas à la hausse des taux de la Fed tard en 2015, à moins d’une rechute économique en Europe.
3 - Un nouveau régime pour le pétrole
La chute violente de 30 $ US le baril depuis le mois de juin pour le pétrole marque le début d’un nouveau régime des prix.
Le recul du pétrole, qui devrait se poursuivre encore un peu, tout comme celui des cours d’autres denrées, ébranleront les producteurs, mais enrichiront les consommateurs du monde.
Un bond marqué de la capacité des fournisseurs de services pétroliers entraînera une chute de 10 à 15 % des coûts pour les producteurs, s'ajoitera aux formes qui font baisser les prix du pétrole.
Plus de production de la part de la Libye, de l’Irak et de l’Iran pourrait aussi amplifier la surabondance de carburant l’an prochain.
4 – Les forces déflationnistes et leurs remèdes continuent
4 – Les forces déflationnistes et leurs remèdes continuent
Les forces déflationnistes, en provenance de la zone euro et de la chute des cours des denrées, se poursuivront en 2015.
Ces forces néfastes pour la croissance économique obligeront les banques centrales à maintenir leur détente monétaire.
M. Wilson prévoit que la Banque centrale européenne pourrait racheter plus activement des obligations souveraines que ne le prévoient les observateurs.
5 - Le dollar américain restera fort
Qui dit détente monétaire en Europe et au Japon dit aussi devises plus faibles pour ces deux pays.
Le dollar américain continuera donc sur sa lancée, l’an prochain, par rapport aux autres monnaies des pays du G10.
C’est la prévision envers laquelle M. Wilson se dit le plus confiant.
Les investisseurs sous-estiment la force et la durée de cette tendance, dit-il.
6 - La hausse des taux par la Fed déjouera le consensus
M. Wilson s’attend à ce que la première hausse du taux directeur de la Fed arrive en septembre, un peu plus tard que prévu, en raison de la faible inflation et de la perception qu’une hausse hâtive serait néfaste à la reprise.
Bien que M. Wilson prévoit que la Fed augmentera son taux directeur un peu plus que ne le prévoit le consensus, il ne craint pas que la normalisation des taux ne provoque une importante cassure en Bourse ni dans d’autres classes d’actif.
La hausse des taux apportera son lot de volatilité, mais elle ne devrait pas perturber la valeur des actifs ni l’économie de façon durable.
Les forces désinflationnistes, et la détente des taux des autres pays industrialisés, aideront la Fed et les marchés à encaisser le changement de régime.
7 - La Chine toujours au ralenti et en transition
7 - La Chine toujours au ralenti et en transition
La croissance de la Chine devrait continuer à décélérer, tout comme son rythme de croisière à long terme, forçant le gouvernement à intervenir périodiquement pour gérer les déséquilibres de son économie.
Localement, la transition de l’économie chinoise pourrait créer des occasions en Bourse pour les investisseurs. La liaison récente des Bourses de Shanghai et de KongKong suscitera de l’intérêt et enverra d’autres capitaux dans les actions chinoises de catégorie A.
Toutefois, M. Wilson éviterait les titres de crédit du secteur immobilier chinois en raison des niveaux d’endettement excessifs.
8 - Un portrait dispersé pour les marchés émergents
Les marchés émergents amorcent 2015 en meilleure posture que l’an dernier, grâce au recul de l’inflation et à une meilleure situation fiscale.
Globalement, ces pays sont moins vulnérables qu’avant à l’éventuelle hausse des taux aux États-Unis et au ralentissement chinois.
L’Inde, la Thaïlande et le Chili se distinguent déjà.
En revanche, le Brésil et l’Afrique du Sud ont encore beaucoup à faire afin de réduire leur dépendance aux capitaux étrangers pour financer leurs déficits.
9 - Peu de volatilité, mais encore des spasmes
Comme en 2014, les forces mondiales qui modèrent l’économie et l’inflation, freineront encore le niveau global de volatilité, tant dans les actions que les titres de crédit.
Toutefois, les marchés connaîtront d’autres spasmes, comme celui d’octobre, puisque les pros dominent les échanges.
10 - Les rendements rétréciront
Bien que les perspectives globales soient assez « bénignes », les cours de la majorité des placements ont atteint un niveau qui diminue les rendements que l’on peut espérer, au cours des prochaines années.
Néanmoins, le rendement que procurent ldes bénéfices des entreprises (earnings yield) reste nettement supérieur à celui que l’on peut attendre des obligations gouvernementales.
De plus, l’environnement est propice à ce que les multiples d’évaluation des actions se maintiennent au-dessus de la moyenne et augmentent, même aux Etats-Unis.
Ceci dit, les investisseurs devraient miser sur des rendements plus modestes, à l’exception du Japon et des marchés émergents.