Pressés par les autorités règlementaires qui craignent que les fonds négociés en Bourse ne provoquent éventuellement une crise de liquidités, les principaux fournisseurs de FNB se constituent des marges de crédit, en guise de police d’assurance.
Ainsi, au cours des derniers mois, Vanguard Group, Guggenheim, First Trust et State Street ont discrètement contracté des marges de crédit ou accru la taille de financements existants, pour parer à une future crise financière. Le but : piger dans ces marges, dans l’éventualité où leurs clients vendaient en masse leurs FNB, lors d'une nouvelle crise financière.
Si trop de vendeurs de FNB se bousculent en effet au portillon, l’administrateur serait alors obligé de vendre rapidement les placements que détient le FNB pour rencontrer l’afflux soudain de rachats, ce qui pourrait sévèrement amplifier leur chute desdits placements.
«Il faut des mesures pour faire face à de possibles gros volumes de vente (de parts de FNB) sans nuire à la liquidité de l’actif sous-jacent», a déclaré à l’agence Reuters, Ryan Issakainen, stratège de First Trust, qui a triplé à 80 millions de dollars américains une marge de crédit existante.
Cette marge est dédiée à deux FNB et à deux fonds communs de First Trust totalisant un actif de 645 M$ US.
Les amateurs de FNB sous-estiment ce risque de liquidités, tant l’accès facile et les petits frais de ces fonds exercent une grande force d’attraction.
Les obligations de pacotille et les prêts à taux variable visés
Les obligations de pacotille et les prêts à taux variable visés
Les autorités ont soulevé un problème potentiel de liquidités en ce qui concerne les FNB de titres de revenus fixes, particulièrement ceux qui investissent dans les obligations de pacotille de sociétés et les prêts à taux variable.
La chute des taux a en effet dirigé les investisseurs en quête de solutions de rechange aux rendements anémiques des obligations vers ces FNB, au cours des dernières années. Si bien que la taille de ces FNB est devenue très importante par rapport à des segments moins facilement négociables du vaste marché obligataire.
L’actif dans les FNB de titres à revenus fixes a été multiplié par six, depuis 2008, à 335,7 milliards de dollars américains, selon Thomson Reuters Lipper. L’actif des FNB de prêts à taux variable a quintuplé à 7 G$ US, en 5 ans.
Plusieurs de ces FNB n’existaient même pas lors de la crise financière de 2008 et leur négociation en temps de crise n’a donc pas encore été mise à l’épreuve.
La doyenne Vanguard a un coussin de 3 G$ US
La doyenne Vanguard a un coussin de 3 G$ US
Le doyen des FNB et le deuxième fournisseur de ces fonds en importance, Vanguard Group, a porté ses marges de crédit à 2,9 G$ US. Ces sommes sont accessibles à tous les fonds Vanguard, qui cumulent un total de 3 000 G$ US d’actif en gestion.
Vanguard a aussi jugé bon d'aviser le Financial Stability Oversight Councile de cette marge de crédit accrue, dans une lettre, au mois de mars.
En agissant ainsi, les fournisseurs de FNB cherchent aussi à calmer les autorités de peur qu’elles ne règlementent davantage leur industrie ou leur imposent les contraintes des institutions «systémiques».
Le numéro un mondial des FNB, Blackrock, n’a pas constitué de marge de crédit pour ses fonds de titres à revenus fixes, arguant que ses produits de revenus fixes investissent surtput dans les segments les plus facilement négociables du marché obligataire.
Par contre, la firme de Larry Fink, a établi des marges de crédit pour ses FNB qui investissent dans les marchés émergents, a indiqué la porte-parole Melissa Garville.
Le troisième fournisseur en importance State Street, ainsi que Invesco, au quatrième rang, ont aussi constitué des marges de crédit pour leurs FNB de prêts à taux variables.
Chez State Street, le FNB de prêts à taux variable a accès à une tranché dédiée de 100 M$ US, à l’intérieur d’une marge de crédit totale de 300 M$ US.
De plus petits fournisseurs, Guggenheim, de New York et Highland Capital, de Dallas, ont aussi gonflé leur marge de crédit, pour parer au pire. Le stratège des FNB Highland, Ethan Powell, a comparé cette marge accrue à une «couverture de sécurité».