Le 20 mars 2014, l’assureur Fairfax Financial révélait avoir accumulé 22,7 % de Torstar, l’éditeur de 100 journaux dont le quotidien Toronto Star.
Six semaines plus tard, Torstar (Tor., TS.B) vend son éditeur de romans roses Harlequin Enterprises, à News Corp. pour 455 millions de dollars, un actif que les sept familles propriétaires refusaient de vendre depuis 39 ans.
Simple coïncidence ? L’histoire ne le dit pas puisque Fairfax ne siège pas au conseil de Torstar, dont 98 % des votes sont entre les mains de sept successions familiales.
Fairfax est un investisseur dans Torstar depuis au moins 2006, un placement qui n’a pas donné les résultats escomptés, déplorait déjà le patron de Fairfax Prem Watsa, en 2009, après avoir radié uns bonne part de la valeur de ses actions.
En 2008, un blogueur avait estimé que Fairfax avait payé ses actions de Torstar 20 $ chacune.
Fairfax a reçu de bons dividendes toutes ces années et vendredi l’action de Torstar grimpe de 20,6 % à 8,06 $. Fairfax a payé 5,35 $ pour son dernier bloc d’actions de 2,38 millions d’actions.
Que fera Torstar de ses liquidités ?
Aravinda Galappatthique, de Canaccord Genuity, hausse son cours-cible à 8,65 $ parce que Torstar élimine ses dettes et se retrouve avec 300 millions de dollars ou 3,75 $ par action de liquidités après la vente de Harlequin.
De plus, bien que Harlequin lui fournissait plus du tiers de ses flux de trésorerie, Torstar maintient son dividende annuel de 0,525 $, qui procure un rendement de 6,7 % au cours actuel.
Torstar envisagerait l’acquisition de médias numériques, mais se donne au moins un an pour évaluer toutes ses options stratégiques.
Adam Shine, de la Financière Banque Nationale, augmente aussi son cours-cible de 7 à 8,50 $, puisque l’offre de News Corp est 45 % supérieure à la valeur qu’il accordait à Harlequin, à l’intérieur de Torstar.
M. Shine n’exclut pas la possibilité que Torstar soit elle-même éventuellement vendue si un prétendant canadien se montrait intéressé.
On en saura peut-être plus sur les intentions de l’éditeur la semaine prochaine, le 7 mai, lors de l’appel-conférence trimestriel que tiendra Torstar.
Fairfax multiplie les interventions
Fairfax multiplie les interventions
Prem Watsa a plus de succès avec ses placements à contre-courant et sa chasse d’aubaines classiques qu’avec ses autres investissements.
L’assureur a en effet accumulé des pertes de 3,5 milliards de dollars en protégeant ses placements boursiers du risque d’une importante rechute boursière, que M. Watsa appréhende depuis 2010.
Fairfax était notamment le principal actionnaire du fabricant de blocs Mega Brands qu’il a rescapé en 2008. Mattel vient d’acquérir Mega Brands pour 460 millions de dollars.
En 2009, Fairfax est aussi venu à l’aide du détaillant de meubles The Brick en lui prêtant 45 M$ de fonds, pour ensuite devenir un important actionnaire et orchestrer son redressement.
En 2012, son rival Meubles Leon (Tor., LNF) a offert une prime de 54 % afin de mettre la main sur The Brick, pour 700 M$.
BlackBerry et Reitmans : tout reste à prouver
BlackBerry et Reitmans : tout reste à prouver
Fairfax a aussi investi 1,25 milliard de dollars dans BlackBerry (Tor., BB) dont elle a 10 % des actions. M. Watsa en a confié la relance au redresseur John Chen, en novembre 2013.
Fairfax aurait payé 17 $ US en moyenne pour ses actions de BlackBerry qui valent aujourd’hui 8,15 $ US.
Fairfax a aussi accumulé 13,8 % du détaillant en perte de vitesse Reitmans (Tor., RET.A) qu’il juge sous-évalué.
Depuis quelques mois, la société de la famille Reitman prend des mesures plus concrètes pour se redresser, incluant la fermeture des 169 boutiques Thyme Maternité à l’intérieur des magasins Babies R Us, aux Etats-Unis.
De plus, une centaine d'employés du siège social ont été remerciés depuis 15 mois. Une vingtaine d’autres connaîtront le même sort cette année.
La patience de M. Watsa sera encore une fois mise à l’épreuve avec ces deux placements, comme elle l’a été avec Torstar.