Vendredi, j’ai présenté un stratège qui craint que la hausse artificielle de la valeur des actifs financiers, dopée par les taux anormalement bas, se termine mal.
Aujourd’hui, en cette veille plus festive de Saint-Jean-Baptiste, voici les arguments qui font dire à Brian Belski, stratège en chef de Marchés des capitaux BMO, que le marché haussier actuel peut durer encore 10 ans.
Après une « décennie perdue », comme celle de 2000 à 2008, le S&P 500 connaît habituellement une période haussière prolongée.
Après le creux de 1947, la Bourse a procuré des rendements de dix ans positifs pendant 12 ans. Après celui de 1982, 18 ans de rendements positifs sur 10 ans se sont succédés. Le rendement annuel moyen : 16 %.
« Puisque la hausse actuelle a déjà 5 ans, et que le rendement du S&P 500 depuis dix ans n’est que de 5,5 %, il est tout à fait raisonnable de croire que le marché peut s’apprécier pendant encore 10 ans et procurer un rendement annuel moyen de 10 %, si le passé se répète », écrit-il.
M. Belski sent le besoin de réitérer son optimisme à long terme parce que le S&P 500 a déjà franchi sa cible de 1900 prévue pour la fin de 2014.
« Un marché haussier n’est jamais une courbe droite parfaite et des périodes de consolidation ou de recul peuvent survenir, plus le mouvement haussier gagne en âge », rappelle M. Belski.
Outre l’effet associé aux « décennies perdues », le stratège avance trois autres arguments pour convaincre les investisseurs de ne pas perdre confiance dans la Bourse.
Nouveau cycle d’investissement par les entreprises
Nouveau cycle d’investissement par les entreprises
M. Belski croit que les Etats-Unis sont à l’aube d’un nouveau cycle d’investissements par les entreprises.
Les dirigeants devraient petit à petit laisser leur « peur « d’investir de côté, surtout que les rachats d’actions deviendront moins efficaces financièrement, compte tenu de la hausse du coût d’achat de leurs actions et du prolongement de taux faibles.
Après des années de prudence, et des liquidités record aux bilans, les entreprises n’auront d’autre choix que d’investir dans leurs usines et équipements, pour donner de la croissance à leurs actionnaires, croit-il.
L’âge moyen des usines est de 50 ans, celui des équipements, 15 ans, précise le stratège.
Les dividendes devraient par contre rester un moyen pour les entreprises de partager leur surplus de capital avec leurs actionnaires, parce que la part des bénéfices versée en dividendes est encore nettement plus faible que dans le passé.
« Un rebond des dépenses en immobilisations est un ingrédient important pour nos perspectives à long terme, puisque lorsque les entreprises dépensent les gains boursiers, la croissance des bénéfices et du produit intérieur brut sont nettement supérieurs à la moyenne », explique M Belski.
Les baby-boomers et leurs enfants à la rescousse
Les baby-boomers et leurs enfants à la rescousse
La démographie devrait aussi favoriser la Bourse, même si les baby-boomers vieillissants deviendront plus prudents.
M. Belski croit en effet que les dividendes que procurent les actions deviendront une source de rendement plus attrayante aux yeux des baby-boomers, face aux rendements anémiques des obligations.
La cohorte qui suit, les adultes de 30 à 39 ans, sont très nombreux et devrait aussi devenir une source d’acheteurs pour les actions.
Les actions encore malaimées
M. Belski déboute un autre mythe. La Bourse reste encore bien mal aimée des investisseurs, malgré le retour des investisseurs aux actions,
Les investisseurs américains ont acheté environ 24 milliards de dollars de fonds communs d’actions par mois en moyenne depuis un an, un total qui s’apparente à celui d’avant la crise de 2007.
« Certains craignent que le retour tardif des petits investisseurs signale que le mouvement haussier tire à sa fin. Or, la répartition moyenne en actions, notamment de la part des caisses de retraite, reste bien en deça de la moyenne à long terme de 45 % et des sommets de 1987, 2000 et 2007, », note-t-il.