Mario Draghi, le grand argentier de l’Europe, n’a pas les coudées aussi franches que son homologue japonais, Haruhiko Kuroda, mais il n’aura pas le choix de riposter à la surenchère monétaire du Japon pour protéger les exportations de son continent.
Le président de la Banque centrale européenne (BCE) devra à son tour donner encore plus d’ampleur à sa détente quantitative, afin d’affaiblir l’euro par rapport au yen japonais s’il veut que les exportations européennes restent concurrentielles vis-à-vis celles du Japon, prévoit Pierre Lapointe, stratège mondial, de Pavilion.
«La détente exceptionnelle du Japon vise indirectement à lui faire regagner des parts du marché mondial des exportations au détriment de ses concurrents», évoque l'expert.
L’Allemagne s’oppose toujours au rachat plus musclé d’obligations par la BCE, mais la mauvaise posture des exportateurs allemands devrait éventuellement avoir le dessus sur l’opposition de ce pays à de nouvelles mesures non conventionnelles de détente monétaire, dit-il.
«L’Allemagne reste encore sur ses positions parce que ses exportations n’ont pas encore trop souffert de la dernière dévaluation du yen japonais. Ses exportations sont stables tandis que celles du Japon déclinent encore. Cet équilibre risque de se rompre avec la dernière fronde de la Banque du Japon», explique le stratège.
Le nouveau plan de Kuroda équivaut à 60 milliards de rachats par mois.
Un autre souffle pour les actions mondiales et européennes?
Un autre souffle pour les actions mondiales et européennes?
Il n’est pas clair combien de temps l’Europe pourra y résister, mais avec les forces déflationnistes de sa population vieillissante et de ses structures inefficaces, les factions «dures» de l’Europe devront éventuellement se rendre à l’évidence, avance M. Lapointe.
Si le rachat plus «agressif» de titres par la Banque du Japon, annoncé le 31 octobre, a déjà ravivé les Bourses du monde, de nouvelles mesures de la part de l’Europe pourraient éventuellement insuffler à leur tour une nouvelle dose d’énergie aux actions mondiales et aux actions européennes, croit aussi M. Lapointe.
La dévaluation du yen a déjà fait rebondir les bénéfices japonais de l’indice MSCI monde de 70%, depuis 2012.
Pendant la même période, la hausse des bénéfices allemands n’a été que de 7%, indique M. Lapointe, suggérant ainsi que les entreprises allemandes voudront aussi leur part du gâteau.