La fusion de Tim Horton et de Burger King International, à la toute fin de 2014, a fait disparaître un choix de placement populaire pour sa bonne gestion du capital.
«Le titre de Tim Hortons n’est pas facile à remplacer parce que le franchiseur était un peu unique dans la restauration et le secteur de la consommation discrétionnaire au Canada», reconnaît Marie-Ève Savard, gesitonnaire de portefeuille chez Investissements Standard Life.
Pour sa part, Keith Howlett, de Desjardins Marché des capitaux, attend de pouvoir rencontrer les dirigeants de la nouvelle société unissant Tim et Burger King, Restaurant Brand International (Tor., QSR), avant d’amorcer le suivi du restaurateur piloté par le fonds d’investissement brésilien 3G Capital.
M. Howlett rappelle que la nouvelle société fait partie des indices S&P/TSX et du S&P/TSX 60. Tim Hortons lui fournit d'ailleurs 55% de son bénéfice d’exploitation.
Entretemps, M. Howlett estime que des titres tels que le détaillant généraliste Canadian Tire (Tor., CTC.A, 122,16$) et le fabricant de pièces d’autos Magna International (Tor., MG.A) pourraient recevoir des capitaux de la part des gestionnaires qui veulent remplacer Tim Hortons, en portefeuille.
Canadian Tire et Magna sont toutes deux dans l’indice des plus grandes pointures canadiennes, le S&P/TSX 60 et dégagent des flux de trésorerie excédentaires qu’elles redistribuent en dividendes croissants et en rachats d’actions, pour donner du rendement à leurs actionnaires.
Canadian Tire est l’un des deux choix de M. Howlett dans la consommation pour 2015, aux côtés de Vêtements de Sport Gildan (Tor., GIL, 66,03$).
M. Howlett qualifient ses deux favoris de choix prudents. Mieux vaut être sélectif selon lui parce que les titres de la consommation grimpent un peu par défaut, car ils servent de refuge aux investisseurs qui fuient le secteur des ressources. Leur évaluation est donc déjà généreuse.
En plus, M. Howlett craint l’effet qu’aura la chute du pétrole sur la croissance économique canadienne et le prix des maisons, qui influencera à leur tour l’humeur dépensière des consommateurs canadiens.
«Canadian Tire est exposée comme les autres détaillants à l’humeur des consommateurs, mais le détaillant diversifié est bien positionné pour y faire face», dit-il.
Quant à Gildan, le fabricant de chandails, chaussettes et sous-vêtements, il réalise 95% de ses revenus hors du Canada.
M. Howlett prédit des gains respectifs de 16% et 15% pour ces deux titres en 2015.
Un autre remplaçant: Thomson Reuters
Un autre remplaçant: Thomson Reuters
Stephen Gauthier, gestionnaire de portefeuille chez FIN-XO Valeurs mobilières, a rapidement décidé de ne pas conserver les actions de Restaurant Brand International offertes dans l’échange d’actions, en raison de l’endettement élevé résultant de la transaction de 12 milliards de dollars.
La nouvelle société ne correspond pas aux bons répartiteurs de capital qu’il recherche.
Dès août 2014, le gestionnaire de Montréal jugeait déjà qu’il aurait à magasiner un titre de remplacement à l’extérieur du secteur de la consommation, étant donné l’évaluation soufflée des entreprises de cette industrie.
M. Gauthier a depuis fait son choix. Il a vendu ses actions de Tim Hortons à un cours de 92,50$ et a acheté des actions du fournisseur d’informations financières et légales Thomson Reuters (Tor., TRI) à 44,50$ chacune.
«Après des années de restructuration, la société a atteint un point de bascule. Elle redistribue plus de son capital excédentaire à ses actionnaires. En 2014, elle a accru son dividende de 9%, comparativement à une hausse moyenne de 3%, lors des cinq dernières années. La société a aussi racheté 3% de ses actions l’an passé», explique M. Gauthier.
Le gestionnaire, qui piste des entreprises dont le rendement sur le capital dépasse d’au moins 5% leur coût en capital, note que Thomson Reuters réalise un rendement du capital de 12% par rapport à un coût en capital de 6%.
De plus, son évaluation est encore raisonnable. Son action s’échange à un multiple de 17,5 fois les bénéfices prévus dans 12 mois.
Couche-Tard offre plus de croissance à bon prix
Couche-Tard offre plus de croissance à bon prix
Christian Godin, vice-président principal, chez Placements Montrusco Bolton, avait remplacé Tim Hortons par Alimentation Couche-Tard (Tor., ATD.B) bien avant l’offre de Burger King.
«On obtenait plus de croissance avec Couche-Tard qu’avec Tim Hortons pour environ le même prix (évaluation)», explique le gestionnaire de portefeuille.
Il aime encore plus son choix aujourd’hui. «Couche-Tard affiche une belle croissance interne et un bien meilleur bilan que Tim», fait-il valoir.
Aussi, l’exploitant de dépanneurs se négocie à un multiple de 21,7 fois les bénéfices prévus dans 12 mois, comparativement à un multiple de 39 fois pour Restaurant Brand International.
Après l’achat de la chaîne The Pantry, la dette d’Alimentation-Couche-Tard atteindra 2,5 fois son bénéfice d’exploitation, alors que Restaurant Brand International débute avec un ratio de 7 fois le sien.
Mme Savard juge aussi qu’Alimentation Couche-Tard est un bon remplacement pour Tim Hortons. Son titre a probablement déjà bénéficié de nouveaux achats en 2014, comme en témoigne le bond de 83% de son action, l'an dernier.
L’épicier Loblaw (Tor., L, 60,72$) sert aussi de substitut, croit Mme Savard, étant donné ses flux de trésorerie assez prévisibles. Son action a gagné 46% en 2014.
En tant que franchiseur, Groupe Jean Coutu (Tor., PJC.A) a un modèle d’entreprise qui s’apparente à celui de Tim Hortons. De plus, le pharmacien n’a pas de dette.
En revanche, après un bond de 53% en 2014, l’évaluation élevée du titre diminue son attrait, prévient Mme Savard.