BLOGUE. Le mouton noir des chemins de fer, Canadien Pacifique, offre du potentiel, sur papier du moins, car il traîne la patte par rapport à son industrie.
PLUS: Vers une vente de CP?
Par exemple, le CP affiche un ratio d’exploitation de 82,4 % comparativement à 63,1 % pour Canadien National. Plus le ratio est faible, plus le transporteur est efficace.
Ce potentiel, sur lequel les analystes misent depuis des années pour recommander le titre de CP, a attiré l’investisseur activiste Bill Ackman de Pershing Square Capital Management. Il a discrètement accumulé 12,2 % des actions du huitième transporteur ferroviaire en Amérique du Nord, depuis six semaines, pour la jolie somme de 1,1 milliard de dollars.
M. Ackman, dont le taux de réussite est inégal, aux dires de Fadi Chamoun, de BMO Marchés des capitaux, a déjà réalisé un rendement de 13 % sur son investissement, puisqu’il a payé 54,46 $ en moyenne pour ses actions, estime M. Chamoun.
C’est la seule certitude pour l’instant. Un fossé énorme de 21 $ par action sépare les analystes concernant le gain que Pershing pourra tirer de son investissement.
Cible de 80 $
Walter Spracklin, de RBC Marchés des capitaux, est le plus enthousiaste. Il hausse son cours-cible de 66 à à 80 $, soit 31 % de plus que le cours de clôture le 31 octobre.
« Cet objectif de prix est à mi-chemin entre un cours de 72 $ basé sur un multiple de 14 fois le bénéfice projeté en 2013 et la valeur potentielle de 90 $ de CP dans une offre d’achat, soit 15,5 fois le bénéfice que CP réaliserait si elle atteignait son objectif d’efficacité », écrit l’analyste.
Ce plafond de 90 $ correspond aussi au cours record qu’a atteint l’action de Canadien Pacifique en juillet 2007, au moment où Brookfield Asset Management mijotait un achat adossé de CP, pour scinder l’entreprise en deux. La crise de crédit a eu raison de ce projet.
M. Spracklin s’attend ce que Pershing revalorise surtout la société par la revente d’éléments d’actif, soit sous forme de crédit-bail ou en concluant des partenariats avec des financiers, pour ses terrains ou des sections de son réseau de chemin de fer.
Une cible de 59 $
À l’autre bout du spectre, le sceptique Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale, recommande au contraire de vendre l’action de Canadien Pacifique, car son action est aussi chèrement évaluée que Canadien National et plus chère que les actions de ses semblables.
Il établit son cours-cible à 59 $.
« Des changements potentiels à la haute direction de CP et une accélération des gains de productivité influenceront peu les bénéfices à court et moyen terme, », note l’analyste.
Pershing ou pas, Canadien Pacifique perd des parts du marché du transport intermodal de marchandises, perdra une partie de son contrat du transport la potasse à CN et reste vulnérable à toute baisse de la demande du charbon métallurgique de la Chine, énumère-t-il.
De plus, une vente de l’entreprise est peu probable, à son avis. La vente à un groupe financier est une possibilité, mais peu de fonds d’investissement ont les moyens d’une telle transaction, ajoute M. Doersken.
La mise en vente des entreprises n’est pas le résultat de la majorité des interventions de Pershing, précise-t-il.
La saga ne fait que commencer. Pour le moment, les investisseurs sont dans le camp des sceptiques, puisque l’action de Canadien Pacifique a terminé la séance du 31 octobre à 61,61 $.
M. Spracklin rappelle toutefois que M. Ackman sait se montrer patient dans ses interventions.