Vincent Delisle, le stratège de Banque Scotia, profite du début d’année maussade en Bourse pour réinvestir la moitié des munitions qu’il avait gardé en réserve depuis avril, en prévision du changement de régime de taux par la Fed.
«Avec la première hausse du taux directeur de la Fed en décembre et la déconfiture des titres cycliques au quatrième trimestre, le temps est venu d’être tactiquement un peu moins prudent», explique M. Delisle dans son premier bulletin de 2016 à ses clients institutionnels.
La répartition en encaisse du portefeuille-modèle passe donc de 10 à 5% et tandis que la pondération en actions augmente de 60 à 65%, soit 5% de plus qu’une répartition neutre.
Le capital est réparti entre les actions canadiennes, les actions des marchés développés d’Asie (Japon et Australie), les marchés émergents d’Asie et les marchés émergents d’Amérique latine.
Les actions européennes restent à 17% du portefeuille-modèle, soit 3% de plus qu’une stratégie neutre.
Les États-Unis s’essouflent
M. Delisle ne touche pas non plus à la part neutre de 22% accordée aux actions américaines, un changement adopté au quatrième trimestre.
«Notre biais est de réduire davantage notre répartition dans la Bourse américaine en 2016, après avoir préféré ce marché par rapport à la Bourse canadienne depuis deux ans», dit-il.
Les conditions macro-économiques ne supportent pas encore une performance supérieure des Bourses canadienne et des pays émergents, mais ces marchés pourraient rebondir tactiquement si les indicateurs d’activité économique s’améliorent et si le dollar américain freine son appréciation, dit-il.
Le stratège de Banque Scotia rappelle que la Bourse américaine surpasse celles de la Bourse canadienne et des marchés émergents depuis déjà cinq ans.
Aussi, un indice qui donne un poids égal à tous les titres du S&P/TSX de la Bourse de Toronto, a déjà perdu 29%, depuis le troisième trimestre de 2014.
Avec la rechute de 23% de l’indice de matières premières en 2015, le pire est peut-être passé pour les ressources. «L’ampleur de la débandade des ressources atteint des niveaux extrêmes», dit-il.
L’économie mondiale croît au plus faible rythme depuis 2012, mais le nouveau recul des taux de dix ans, un peu partout dans le monde, devrait raviver les indicateurs économiques en 2016, prévoit le stratège.
«Il ne faut pas oublier que les indices ISM/PMI sont des indicateurs retardataires. Ils devraient donc réagir au récent déclin des taux obligataires en 2016», ajoute M. Delisle.
La cadence économique américaine décélère et perd ainsi un peu de son leadership par rapport aux autres économies développées.
«Cela pourrait ralentir l’ascension du dollar américain, qui a fait si mal au cours des matières premières», avance M. Delisle.
Un yuan chinois déprécié pourrait aussi donner un coup de pouce aux exportations et à l’économie chinoise.
En attendant, la part accordée aux actions canadiennes reste à 5%.
Rotation de secteurs en vue
Les États-Unis se classent aussi mal dans le système SAGE de la Banque Scotia, qui évalue l’attrait relatif de différentes régions du monde en fonction de diverses variables économiques, financières et boursières. La perte d’élan économique et l’évaluation des actions ont encore fait baisser son rang en décembre.
Si le billet vert et la Bourse américaine perdent de leur lustre comme il le prévoit, on risque aussi d’assister à un remue-ménage dans la performance des industries.
Ainsi, les secteurs de l’énergie, des matériaux, industriels et financiers pourraient mieux faire en 2016, tandis que ceux de la consommation essentielle, de la technologie et de la santé pourraient donner de moins bons rendements.
Le portefeuille-modèle de choix de titres se déleste par exemple d'Alimentation Couche-Tard, de Dollarama et de Constellation Sofrtware par exemple et ajoute des titres plus cycliques tels que Finning, Barrick Gold et Canadian Energy Services.