Bank of America Merrill Lynch sonde tous les mois les pros de l’industrie financière, un peu partout dans le monde.
Le dernier sondage de l’année, réalisé entre les 4 et 10 décembre, donne un bon aperçu des prédictions des financiers pour l’année prochaine.
Les investisseurs peuvent s’en inspirer ou déceler ce qui au contraire pourrait surprendre le consensus l’an prochain.
Voici comment les gestionnaires de portefeuilles totalisant 620 milliards de dollars américains ont positionné leurs placements, à l’aube de 2016.
- Quelque 58% des pros sondés prévoient au moins trois hausses de taux par la Réserve fédérale, au cours des 12 prochains mois.
- Par mesure de prudence, avant la première hausse de taux de la Fed, les pros avaient fait grimpé leur encaisse à 5,2% de leur portefeuille. C’est un peu moins que lors de la dévaluation inattendue du yuan chinois en septembre, mais ce niveau figure parmi les plus élevés depuis 2008. Lorsque la répartition en liquidités dépasse 4,5%, c’est historiquement un signal d’achat, précise la firme de courtage.
- Les plus importants risques financiers sont une récession chinoise (pour 34% des répondants), un choc géopolitique (pour 19% des pros sondés) ou une crise de dette dans les marchés émergents (pour 18% des participants).
- Les pros modèrent leurs prévisions de croissance pour l’économie mondiale et les bénéfices, mais seulement 7% d’entre eux prédisent une récession mondiale l’an prochain.
- La proportion des pros qui prédisent une hausse de 10% et plus des bénéfices est la plus faible depuis juillet 2012.
- Les pros sont les plus nombreux depuis 2011, soit 15%, à prévoir un aplatissement de la courbe des taux, soit l’écart entre les taux de 3 mois à 10 ans. C’est un signe que le cycle économique et boursier mûrit et qu’il devient plus fragile.
- Un peu plus de la moitié des répondants jugent que trop d’investisseurs parient sur l’appréciation persistante du dollar américain. Le tiers pensaient la même chose un mois plus tôt.
Ils identifient deux évènements qui mettraient fin au mouvement haussier du billet vert l’an prochain : la Fed cesse de remonter ses taux ou les bénéfices américains reculent.
-La place accordée aux actions américaines est la plus faible en huit ans : quelque 19% des pro-sondés sous-pondèrent les actions américaines en portefeuille. La Bourse américaine est en défaveur depuis 10 mois.
-Les marchés favoris sont les Bourses européennes et japonaises, en raison du prolongement de la détente monétaire dans ces deux régions. Quelques 55% surpondèrent les actions européennes et 37% les actions japonaises.
- Quelque 43% des répondants s’attendent à ce que l’économie chinoise ralentisse davantage. Ils prédisent une croissance de 5,5%, d’ici 2018, comparativement à des prévisions antérieures de 5,8%. Le pays devra dévaluer sa monnaie.
- La répartition des pros dans les marchés émergents est encore près d’un creux historique parce qu’ils jugent que la valeur d’aubaine de ces marchés est un piège. Le ralentissement chinois, l’appréciation du dollar américain, la hausse des taux américains et les mauvaises perspectives pour les bénéfices locaux nuisent aux perspectives des marchés émergents.
- Autre signe de prudence : 65% des répondants préfèrent la qualité et la constance des plus grandes sociétés pour 2016
- Le quart des pros, soit la plus forte proportion depuis juillet 2010, souhaitent que les entreprises utilisent leurs flux de trésorerie pour améliorer leur bilan, au lieu d’investir dans leurs immobilisations ou d’augmenter leur dividende. Le courtier y voit un indice que les craintes de défaillance augmentent davantage.
- Le recul du pétrole commence à attirer des investisseurs à contre-courant. Quelque 31% considèrent que l’or noir est sous-évalué. L’énergie est encore impopulaire, mais la proportion des portefeuilles qui évitent le secteur diminue.
- Aux États-Unis, les banques, les fournisseurs de technologie, les titres de consommation discrétionnaires et les sociétés pharmaceutiques sont les industries favorites.
- En Europe, les pros préfèrent la technologie, le secteur automobile, l’industrie du loisir et du voyage, les assureurs et les sociétés pharmaceutiques.