Pour 2015, l’équipe de stratèges de BMO Marchés des capitaux reste fidèle à un thème qui lui est cher : le marché haussier se poursuivra pour une septième année, quoiqu’en disent les incrédules.
Brian Belski, le stratège en chef, établi à New York, est convaincu que tous les ingrédients sont encore réunis pour prolonger le marché haussier qui pourrait s’étirer encore longtemps, avec évidemment des soubresauts en cours de route.
Il a d’ailleurs baptisé la hausse des cours depuis six ans de « marché haussier furtif » (stealth bull market).
« C’est le marché haussier le moins aimé que j’ai pu voir en carrière. Personne n’y croit et tous regardent par dessus leur épaule pour détecter ce qui lui mettra fin », écrit-il dans le rapport annuel de prévisions de BMO.
Il attribue le scepticisme des investisseurs aux traumatismes qu’ont causés les deux dégringolades de 2001 et de 2009.
« La peur est le principal facteur de motivation des investisseurs et les empêchent de reconnaître la transformation structurelle et massive des entreprises américaines depuis la crise. Elles sont maintenant parmi les actifs les mieux positionnés dans le monde », insiste-t-il.
Ses clients ont du mal à croire, entre autres, que les entreprises américaines ont les meilleurs bilans depuis les années 1950. La croissance de leurs profits et de leurs dividendes est aussi la plus stable depuis des décennies.
+ 9,7 % pour le S&P, + 5,6 % pour le TSX
+ 9,7 % pour le S&P, + 5,6 % pour le S&P/TSX
Le stratège prévoit pour 2015 une hausse de 8,6 % des bénéfices des entreprises américaines et de 9,7 % du S&P 500, des taux de croissance tout à fait conformes au rythme habituel que l’on observe au beau milieu d’un cycle économique.
Le S&P 500 devrait terminer 2015 à 2250, ou à un multiple de 17,8 fois les bénéfices.
« Les risques d’un marché baissier en 2015 sont faibles, bien que l’évaluation légèrement supérieure à la moyenne des actions diminue le potentiel de gains plus appréciables », ajoute-t-il.
M. Belski s’attend à une année rentable pour la Bourse canadienne, car la performance de son économie se collera davantage à celle des États-Unis et se détachera un tant soit peu de l’économie mondiale.
Toutefois, le S&P/TSX produira un rendement inférieur au S&P 500, pour une cinquième année consécutive, prédit-il.
Pour le S&P/TSX de Toronto, il place sa cible à 15 600, pour un gain potentiel de 5,6 %, conforme à la progression prévue des bénéfices.
La finance et l'industrie favorites
La finance et l'industrie favorites
De plus, M. Belski s’attend à ce que les entreprises américaines plus confiantes ajoutent le réinvestissement de leurs profits aux rachats d’actions et aux dividendes dans leur boîte à outils, pour donner du rendement et assurer leur croissance à plus long terme.
C’est pourquoi le stratège et son équipe préfèrent les titres des secteurs industriel et de la technologie pour profiter de cette reprise des investissements par les entreprises.
Une graduelle remontée des taux devrait aussi faire migrer plus d’investisseurs des obligations vers les actions, pour aller chercher les rendements financiers dont ils sont besoin, au cours des prochaines années.
Les titres du secteur financier, encore malaimés pour leur rôle dans la crise, devraient bénéficier du retour des investisseurs aux actions car ce retour accroîtra la négociation, la vente de produits financiers, leurs actifs en gestion et leurs honoraires.
À son avis, ces titres ont une évaluation inférieure de 20 % à ce qu’elle devrait être, même compte tenu des nouvelles contraintes réglementaires qu'on leur impose.
2015 pourrait aussi voir un changement du régime des taux par la Fed. M. Belski s’attend à ce qu’elle bouge prudemment.
Toute commotion en Bourse causée par ceux qui croient qu’une hausse des taux est nécessairement néfaste aux actions, serait une occasion d’achat pour les investisseurs disciplinés, prévoit-il.
Au Canada, le secteur financier est aussi un préféré parce qu’il offre de bons bilans, des bénéfices stables, des dividendes croissants et de bons rendements de l’avoir des actionnaires.
Cette recommandation inclut les assureurs qui bénéficieront de la croissance de la gestion du patrimoine et de leur actif en gestion.
Le secteur industriel est bien placé pour bénéficier de la croissance américaine. Les choix incluent les chemins de fer, certains manufacturiers ainsi que la gestion de déchets.
Le secteur canadien des télécommunications est redevenu attrayant. Son évaluation a diminué à un moment où les fournisseurs regagnent un certain pouvoir pour imposer leurs prix.
C’est une autre histoire pour les secteurs de l’énergie et des matériaux, qui n’ont pas encore pleinement réalisé que le long cycle haussier des ressources naturelles est terminé.
« Les marchés émergents souffrent de surcapacité et leur croissance ralentit. Ce genre de transition peut durer cinq ans », dit-il.
Le stratège note aussi que l’énergie représente encore 21 % du S&P/TSX comparativement à sa pondération moyenne de 12,7 %, depuis 1956.