BLOGUE. La Réserve fédérale a beau être plus transparente que jamais dans ses communications, en multipliant les conférences de presse et en fournissant des repères précis concernant son processus de décision, elle surprend encore les marchés en prolongeant ses rachats d’obligations et de titres hypothécaires de 85 milliards par mois.
Le message : l’économie et l’emploi ne sont pas encore assez solides pour se tenir sur leurs deux jambes, sans l’aide de stéroïdes.
De plus, une majorité des gouverneurs de la Fed et des présidents des Réserves fédérales régionales ne prévoient pas de hausse du taux directeur avant 2015. À la fin de 2016, le taux directeur atteindrait 2 %, alors qu’il devrait être à 4 % si l’économie était à son plein potentiel, selon la médiane de leurs prévisions.
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Les investisseurs ont choisi de faire abstraction de l’économie fragile et de saluer le fait que la Fed soutiendra l’économie et la confiance des ménages pendant les négociations budgétaires et le débat sur le plafond de la dette américaine cet automne, en propulsant les indices amércains à de nouveaux sommets.
La suite des choses reste entièrement tributaire des données économiques.
Voici quelques réactions à chaud :
Martin Roberge, stratège quantitatif de Canaccord Genuity :
« Le statuquo est conforme à ceux qui prévoyaient que la Fed de bougerait pas avant décembre. À court terme, les bénéficiaires en Bourse seront les secteurs qui dépendent des taux, mais leur rebond ne constitue pas une nouvelle tendance. Leur hausse constitue une nouvelle occasion de quitter les secteurs les plus prudents pour faire plus de place en portefeuille aux titres industriels et des technologies, qui profiteront d’un nouveau cycle mondial de dépenses des entreprises et les producteurs d’énergie et de métaux, qui profiteront des dépenses à la consommation. La secteur financier profitera moins du statuquo puisque l’écart entre les taux à court et à long terme sera moins favorable que prévu pour leurs marges d’intérêt sur leurs prêts ».
Stéfane Marion, économiste en chef et stratège de la Financière Banque Nationale :
« La Fed est clairement préoccupée par les effets négatifs de la hausse récente des taux à long terme et par le marché de l’emploi. Elle a donc choisi de jouer de prudence. M. Bernanke semble de plus en plus enclin à laisser à son/sa successeur la décision de mettre fin axu rachats d’obligations ».
Mohamed El-Erian, co-chef des investissements chez Pimco :
“ Le Réserve fédérale est très préoccupée par le manque d’élan de l’économie en général et préfère prendre le risque de rester accomodante trop longtemps que celui de retirer les liquidités prématurément ».
Burt White, chef des investissements, chez LPL Financial :
« La Fed tape les investisseurs sur les doigts, en leur disant qu’ils avaient réagi un peu trop vite (en faisant grimper les taux). Le statuquo est une bonne nouvelle pour les actions et une excellente nouvelle pour les marchés émergents ».
Paul Ashworth, de Capital Economics :
« Nous nous demandons si la réaction ne sera pas plus de volatilité étant donné le message plus confus de la Fed. Elle dit d’un côté que l’économie gagne en vigueur et de l’autre qu’elle attend de voir plus de preuve que l’amélioration durera, avant de mettre un terme à ses rachats. La possibilité que le gouvernement américain ferme ses portes le 1er octobre préoccupe de plus en plus les argentiers ».
Ian Shepherdson, de Pantheon Macroeconomics :
« Nous applaudissons la décision sur le plan strictement économique, étant donné l’amélioration trop lente du chômage. Toutefois, pour une Fed qui se veut plus transparente, cette décision est un coup à leur crédibilité, après avoir passé deux mois à préparer le marché à la fin des rachats ».