BLOGUE. Mercredi dans le discours du trône, le gouvernement Harper jouera la carte populiste en dévoilant sa politique «Le consommateur en premier», qui pourrait inclure des mesures pour forcer les câblodistributeurs et les fournisseurs de télé par satellite à offrir leurs services à la carte, en plus d’encadrer les frais d’itinérance et de partage des tours de transmission des fournisseurs sans-fil.
Le ministre fédéral James Moore a dévoilé ces intentions lors d’entrevues accordées au cours du long week-end.
«Pendant que les investisseurs avaient les yeux sur les fournisseurs sans-fil , le gouvernement avait aussi à l'oeil les forfaits télé des câblodistributeurs qui réduisent la liberté de choix des abonnés. Or, le service à la carte pourrait diminuer les revenus par abonné et les marges des fournisseurs qui ont des frais fixes élevés», note Dvai Ghose, de Canaccord Genuity.
À l’exception du Québec, le choix des chaînes télé à la carte n’est pas généralisé au Canada, bien que le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) ait demandé aux fournisseurs de télé par câble et par satellite de lui soumettre des plans à cet égard avant le 1er avril 2012.
«Certains disent que l’impact du service à la carte serait mineur puisque la hausse du prix des chaînes moins populaires compense pour la perte d’abonnés aux forfaits. Alors pourquoi Vidéotron, qui offre le service à la carte, rapporte-t-elle un revenu par abonné de 49,11$, comparativement au revenu moyen de 69,66 $ de Rogers qui n’offre pas ses chaînes à la carte», se demande M. Ghose.
Vidéotron la mieux placée
Cet analyste estime que Shaw Communications et Cogeco Câble tirent respectivement 48 % et 38 % de leurs revenus du service télé par câble comparativement à une proportion de 25 % pour Québecor et de seulement 14 % pour Rogers Communications, 11 % pour BCE et moins de 5 % pour Telus.
«Vidéotron est mieux mieux placée, car elle offre des services à la carte depuis deux ou trois ans et 60% de ses clients choisissent déjà ce service », explique M. Ghose.
Les diffuseurs traditionnels CTV (Bell), Global (Shaw), CityTV (Rogers) et TVA (Québecor) seraient peu touchés par l’imposition de services à la carte puisque les câblodistributeurs et les fournisseurs de télé par satellite ne paient pas pour distribuer ces chaînes.
Par contre, certaines chaînes spécialisées qui sont actuellement insérées dans des forfaits pourraient perdre des abonnés.
«Shaw tire 8 % de ses revenus de chaînes spécialisées par rapport à une proportion de moins de 5 % pour Bell, Rogers et Québecor », précise M. Ghose.
Telus, Manitoba Telecom, Bell Aliant et Cogeco Câble ne possèdent aucune chaîne spécialisée de télé.
Vendre Shaw
Vendre Shaw
L’analyste ne réduit pas pour l’instant ses prévisions pour ces entreprises, avant de connaître la flexibilité dont disposeront les fournisseurs pour établir leurs prix dans les nouvelles mesures du gouvernement Harper, mais il craint pour la rentabilité élevée des câblodistributeurs,
En attendant, M. Ghose continue de recommander les titres de Rogers Communications et de Telus, parce que leurs titres se sont déjà ajustés à la posture pro-consommateur adoptée par Ottawa.
Il conseille aussi de vendre le titre de Shaw parce que dans son cas, son titre ne reflète pas du tout le virage d’Ottawa.
«La croissance des revenus et du bénéfice d’exploitation de Shaw repose presque entièrement sur ses revenus par abonnés», ajoute-t-il.
Tim Casey, de BMO Marchés des capitaux, attend aussi les détails des mesures d’Ottawa avant de modifier ses recommandations.