BLOGUE. Les turbulences entourant l’imminent retrait de l’assouplissement quantitatif de la Fed font plonger les bourses, les obligations et plusieurs monnaies des pays émergents.
La hausse des taux américains ramène en effet des capitaux aux États-Unis qui regagnent une certaine valeur refuge.
La persistance des faibles taux américains avait en effet incité certains investisseurs à aller chercher des rendements supérieurs dans les pays émergents, où l’inflation, les taux et la croissance étaient plus élevés.
La chute des monnaies, telles que le baht thaïlandais et la roupie indonésienne, n’est pas sans rappeler la crise asiatique de 1998, mais les risques de contagion à l’ensemble de l’économie mondiale sont moins importants cette fois, fait valoir Martin Roberge, stratège quantitatif, chez Canaccord Genuity.
Premièrement, ces pays ont compris qu’imposer un contrôle des changes et augmenter leurs taux pour endiguer la chute de leur monnaie comme ils l’ont fait en 1998, ne fonctionne pas.
La dette des pays émergents détenue par les investisseurs étrangers équivaut à un niveau raisonnable de 25 % leur produit intérieur brut.
De plus, cette fois, la majorité des monnaies des pays émergents ne sont plus « attachées » au cours du dollar américain. La baisse de leur monnaie améliore donc la compétivité de leurs exportations.
À cet égard, un indice avancé indique que l’économie de 90 % des pays du G7 s’améliore. Cette rare synchronisation devrait aussi donner aussi un coup de pouce aux exportations des pays émergents, plus tard cette année et l’an prochain.
Les pays développés ont encore l'avantage à court terme
Les pays développés ont encore l'avantage à court terme
Ceci dit, à court terme, les Bourses des pays développés restent les plus attrayantes parce que la fuite des capitaux des marchés émergents pourrait encore s’accélérer, prévient le stratège.
« Les capitaux devraient continuer à fuir les marchés émergents tant que les taux américains repères de 10 ans ne se stabiliseront pas autour de 3 à 3,5 % », croit M. Roberge.
L’évaluation des Bourses des marchés émergents est alléchante, mais elle n’a pas encore atteint les bas fonds qu’elle a connu dans le passé, soit avec un multiple de huit fois les bénéfices et de 1,2 fois la valeur comptable.
Pour l’économie mondiale, l’élan des marchés développés semble suffisant pour contrer le recul des économies des pays émergents, conclut M. Roberge.