BLOGUE. L’action de Jean Coutu (Tor, PJC.A) perd plus de 4 % en Bourse mercredi malgré un rachat d’actions de 407 millions de dollars et un dividende spécial de 0,50 $ par action, qui redistribue à ses actionnaires toutes les liquidités à son bilan.
N’est-ce pas ce que les actionnaires réclamaient pourtant en l’absence d’une acquisition ?
Justement, une fois le rachat de 10 % des actions et le dividende digérés, le titre se cherchera une nouvelle raison pour s’apprécier.
Il est intéressant de noter que l’action de Jean Coutu a atteint son sommet annuel de 19,60 $ le 24 juillet, une période pendant laquelle le pharmacien a cessé de racheter ses actions.
« À court terme, je crois que Jean Coutu perd deux éléments déclencheurs. La société dit lorgner l’achat de pharmacies indépendantes plutôt que d’autres chaînes, tandis que certains auraient peut-être préféré de plus grosses cibles. La vente par la Fondation Jean Coutu de toutes ses actions peut aussi être mal perçue », explique Marc Lecavalier, gestionnaire de portefeuilles chez Fiera Capital.
Même si le rachat de 10 % des actions fait en sorte de concentrer les futurs bénéfices entre les mains d’un moins grand nombre de propriétaires, le pharmacien a besoin de croissance externe pour continuer à s’apprécier en Bourse, surtout au multiple cours-bénéfice actuel de 17 fois ses bénéfices prévus.
« D’ici la fin du processus de rachat le 14 novembre, l’action vivotera naturellement autour du prix du rachat de 18,50 $. Le rachat est une décision de gestion de capital qui ne change rien aux aspects fondamentaux de l’entreprise. Si on l’avait en portefeuille, on déposerait nos actions à l’offre de rachat parce qu’au cours actuel, ses flux de trésorerie procurent un rendement de seulement 5,7 % », explique Pierre-Olivier Langevin, gestionnaire de portefeuilles adjoint, chez Medici.
« Si Jean Coutu n’a pas de meilleur usage pour ses liquidités de 463 M$, un rachat et un dividende nous satisfont », dit pour sa part Ian Cooke, de QV Investors, un gestionnaire de Calgary dont les fonds sont actionnaire de Jean Coutu.
Un rachat tronqué ?
Un rachat tronqué ?
Un seul analyste se plaint de la forme du rachat d’actions qui semble avoir été conçu pour faciliter la vente des 21 millions d’actions détenues par la Fondation Michelle et Jean Coutu, même si tous peuvent déposer leurs actions.
« L’offre de rachat est de 0,50 $ inférieure au cours de la veille de l’annonce et se termine avant le versement du dividende spécial de 0,50 $, ce qui dissuadera les actionnaires minoritaires à déposer leurs actions », écrit Peter Sklar, de BMO Marchés des capitaux.
En d’autres termes, le retour de capital irait surtout à la fondation, alors que les actionnaires bénéficieront essentiellement de l’effet de l’élimination de 10 % des actions sur les futurs bénéfices par action.
Il est possible que le titre de Jean Coutu prenne une pause ici, reconnaît Marie-Ève Savard, d’Investissements Standard Life, mais elle ne voit rien de sinistre dans la nature du rachat.
« La diminution du taux de remboursement des médicaments génériques nuira aux résultats encore six mois, mais la société offre encore un bilan sain et une importante capacité d’acquisition, dans une industrie stable », fait-elle valoir.
La société croît toujours, quoique modestement, ajoute Mme Savard. Sans la baisse imposée des prix des génériques, les ventes de prescriptions augmentent à un taux fort respectable de 4 %.
Le rachat de 407 M$ peut donner l’impression qu’il n’y a pas de prise en vue, mais la société dispose toujours d’importantes munitions pour réaliser un achat majeur si une occasion se présentait, dit aussi M. Langevin.
Jean Coutu dispose d’une facilité de crédit de 500 M$, d’actifs immobiliers qu’elle peut monétiser et des flux de trésoreries excédentaires annuels de 200 M$,
L'action de Jean Coutu réagit aussi à des résultats inférieurs aux attentes au deuxième trimestre : en particulier le recul des revenus de 0,7 % et celui de 0,1 % des ventes des pharmacies ouvertes depuis plus d'un an.
Le bénéfice d'exploitation des activités de franchisage de Jean Coutu a aussi baissé de 5,4 % en raison d'un bond de 11 % des dépenses, lié à sane campagne publicitaire et à une hausse de la rémunération.