BLOGUE. Une des rares notions implacables du placement est celle du retour à la moyenne (mean reversion), soit la tendance qu’ont la valeur des actifs financiers à revenir à leur moyenne à long terme.
Pour les banques canadiennes, ce phénomène se traduit par une stratégie pour les investisseurs actifs : celle d’acheter la banque la moins performante en Bourse pour miser sur son rebond et d’éviter la banque la plus performante, car son cours reviendra vers sa moyenne.
John Reucassel, de BMO Marché des capitaux, a mesuré l’impact de cette stratégie sur 42 ans et elle s’avère rentable.
La banque la moins performante, une année, dépasse le S&P/TSX, 55 % du temps l’année suivante. De plus, ce mouton noir surpasse les autres banques de 3,6 % en moyenne, cette même année, précise l’analyste.
Depuis douze ans, l’écart annuel moyen entre la performance en Bourse de la « meilleure banque » et celle de la " moins bonne », s’est élevée à 27 %. L’effet est plus marqué au cours de la première moitié de chaque année.
Rendement additionnel de 3,3 % depuis 1970
Rendement additionnel de 3,3 % depuis 1970
L’écart entre la banque la plus performance et la banque la moins performante en Bourse n’a toutefois été que de 6 % en 2012 parce que des facteurs externes communs à toutes les banques ont réduit les divergences entre les banques : les faibles taux d’intérêt, les nouvelles contraintes de capital imposées par les autorités et le ralentissement dans la croissance des prêts hypothécaires.
M. Reucassel s’attend toutefois à ce que cette divergence refasse surface puisque les facteurs d’influence externes s'atténueront, ce qui fera émerger de nouveau les différences dans le taux de réussite des stratégies de plus en plus distinctes des banques.
L’effet est moins prononcé pour le « retour à la moyenne » de la banque la plus performante. Néanmoins, la banque la plus performante en Bourse prend du retard sur le rendement des autres banques l’année suivante, 52 % du temps. De plus, cette même banque accuse alors un rendement moyen de 1,7 % inférieur à ses semblables, cette même année.
« Le retour à la moyenne est une stratégie de placement valable qui peut produire des rendements additionnels, si elle est répétée à long terme. Abstraction faite des frais de courtage et des impôts, avoir mser sur la pire banque à chaque année depuis 1970 aurait donné un rendement annuel composé de 3,3 % supérieur à l’indice bancaire », écrit M. Reucassel.
L’analyste note que le phénomène du « retour à la moyenne » s’est accéléré depuis 2000, parce que les résultats des banques ont été plus volatils, avance–t-il.
Miser sur CIBC et suivre BMO et T-D
Miser sur CIBC et surveiller BMO et T-D
Cette année, cette stratégie suggère de miser sur la Banque CIBC et d’éviter la Banque Royale.
M. Raucassel apporte toutes des nuances. La Banque CIBC devrait s’apprécier pour des raisons fondamentales aussi.
Contrairement à ses semblables, Banque CIBC ne déploie pas de stratégie de grande envergure. Elle met l'accent sur le retour du capital en augmentant ses dividendes et en rachetant ses actions.
La banque met aussi son réseau à profit en redirigeant le champ d’action de ses succursales.
Il ne vaut pas la chandelle d’éviter la Banque Royale cette année, prévient M. Reucassel, car ses divisions des marchés des capitaux et des services bancaires au Canada, performent bien.
En revanche, il sera intéressant à son avis de suivre les Banque BMO et T-D, au cours des deux prochaines années.
La Banque BMO a payé un bon prix pour l’Américaine Marshall & Ilsley Corporation en 2011, mais le ralentissement du taux de de ses prêts et les faibles marges d’intérêt de cette filiale pourraient éroder le rendement de 12 à 14 % sur l’investissement qu’elle procure à la banque.
Quant à la Banque T-D, elle doit soutenir la croissance de ses activités États-Unis, pour en tirer un meilleur rendement, étant donné qu’elle a payé le prix fort pour Commerce Bancorp en 2007.