BLOGUE. Sans vouloir jouer aux jovialistes après la création plus que décevante d’emplois des deux côtés de la frontière en mars, les observateurs se consolent en mettant les données dans leur contexte.
Aux États-Unis, il s’est créé seulement 88 000 emplois en mars, le moins grand nombre en neuf mois, alors que certains prévisionnistes espéraient jusqu’à 200 000 nouveaux emplois.
Nul doute que la hausse automatique des impôts sur la masse salariale imposée par Washington a freiné l’embauche des employeurs.
Stéfane Marion, économiste en chef de la Banque Nationale, fait tout de même remarquer que la création d’emplois a été revisé à la hausse d’un total de 61 000, pour janvier et février.
Le printemps froid a joué
La nature des pertes d’emplois l’incite aussi à dire que le mauvais temps du mois de mars a joué un rôle majeur.
L’emploi dans le secteur agricole a plongé de 64 000 ; celui dans les magasins de matériaux de construction et d’articles de jardinage a baissé de 10 000, le pire en trois ans ; celui dans les magasins de vêtements a aussi plongé de 15 300, la pire chute depuis la récession.
« L’emploi dans ces trois industries devrait revenir à la normale, une fois que le printemps redeviendra plus saisonnier », prévoit M. Marion.
L’économiste se console aussi avec la création de 62 000 emplois à temps plein, au mois de mars.
« Tant que l’économie crée des emplois à temps plein, l’économie peut continuer de s’améliorer », note-t-il.
Plus difficile à digérer au Canada
Plus difficile à digérer au Canada
Au Canada, la pire chute de l’emploi depuis quatre ans se digère moins bien puisque tous les emplois créés en février sont disparus un mois plus tard.
Surtout, les 54 000 emplois perdus sont tous à temps plein, note aussi Joshua Dennerlein, de Bank of America Merrill Lynch.
Le taux de chômage s’est aussi accru, de 7 à 7,2 %, pour la première fois en cinq mois.
Le tableau est néanmoins moins noir en examinant les données sur une plus longue période.
La création moyenne a été de 12 300 par mois au cours des six derniers mois, comparativement à une cadence de 16 800, au cours des deux dernières années.
Il s’est aussi créé 203 000 emplois depuis 12 mois, la majorité à temps plein.
« Le ralentissement immobilier canadien et celui de l’économie américaine freineront la cadence de l’économie canadienne à 1,3 % aux deuxième et troisième trimestres. La Banque du Canada devrait donc maintenir ses taux près de un jusqu’au deuxième semestre de 2014 », prévoit M. Dennerlein.
La Banque du Canada devra vraisemblablement revoir ses prévisions économiques à la mi-avril.
L’indice canadien Ivey, qui prend le pouls mensuel les intentions d’achats et d’embauche des entreprises manufacturières au pays, a nettement perdu de son élan en mars, par rapport au même mois en 2012 et 2011.
Par contre, le niveau de 61,6 de l’indice ajusté (pour enlever l’effet saisonner), en mars, reste pour l’instant confortablement au dessus de la barre de 50, qui trace la démarcation entre la croissance et la contraction.