BLOGUE. Les observateurs avaient prédit une ruée des investisseurs des obligations aux actions dans une hausse des taux. Or, ces deux marchés baissent en même temps.
Les taux américains phares de dix ans ont frôlé 2,9 %, jeudi, soit 1,5 % de plus qu’un an plus tôt et le S&P 500 enfile deux semaines baissières et perd 2,8 % depuis son sommet de juillet.
Les marchés sont ballotés par des forces contradictoires que l’absence estivale des négociateurs amplifie.
Ces derniers jours, l’or a regagné des points malgré le rebond du dollar américain et la hausse des taux qui diminue normalement l’attrait du métal jaune comme placement, car l’or ne procure aucun rendement financier courant.
Certains observateurs parlent de rebond technique pour l’or ou encore d’une première réaction à la légère remontée récente de l’inflation américaine.
Pourtant, si la Fed réduit son assouplissement quantitatif et que les taux remontent, comme les investisseurs semblent le prédire, les attentes d’inflation devraient au contraire diminuer.
Les autres métaux, tels que le cuivre, regagnent aussi des points, alors qu’ils reculent aussi habituellement lorsque le billet vert s’apprécie.
Il en coûte en effet plus cher pour les acheteurs étrangers de se procurer des denrées transigées en dollars américains lorsque ce dernier s’apprécie par rapport à leur monnaie locale.
Ces mouvements incongrus signalent que les investisseurs professionnels se cherchent une nouvelle tendance à court terme à laquelle s’accrocher.
Le capital de ces investisseurs, qui se déplace vite d’un marché à l’autre en quête de gains à court terme, joue un rôle dans l’essoufflement américain.
« Le malaise réside dans le fait que l'indice S&P 500 avait déjà donné jusqu’à 20 % cette année, que l'automne s'annonce chaud avec les négociations sur le plafond de la dette aux États-Unis et que la Fed n'a pas encore précisé comment elle réduira ses rachats d’obligations. Dans ces conditions, pourquoi ne pas prendre certains profits et se mettre sur les lignes de côté ou redéployer vers d'autres marchés », explique Stéfane Marion, stratège de la Financière Banque Nationale.
La concurrence de l’Europe
La concurrence de l’Europe
Le « thème » de la résilience américaine ayant déjà donné de très bons rendements, les investisseurs professionnels se déplacent vers les marchés qui ont moins donné en 2013.
L’Europe, qui amorce peut-être sa propre reprise, attire des capitaux. Si les États-Unis s’apprêtent à freiner leur assouplissement monétaire, les pays de l’Europe eux devraient profiter d’une réduction des plans d’austérité, se disent ces professionnels.
L’évaluation des sociétés européennes non financières est de 9 % inférieure à celle de leurs semblables américaines, le plus grand écart en dix ans, note pour sa part John Higgins, stratège en chef, de Capital Economics.
Quatre pays du G7 font mieux que le S&P 500 américain depuis le 30 juin, l’Italie en tête avec 14 %, suivi de l’Espagne et de la France avec 13 %, comparativement à 4 % pour le S&P 500.
Même les pays du BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) ont gagé 6 %, note Bespoke, qui parle d ‘un phénomène de rattrapage.