BLOGUE. Ben Reitzes, de Barclays, n’est sûrement le seul des 66 analystes à avoir vu juste, mais il avait prévu qu’Apple (Nasdaq, AAPL, 406,46 $ US) viserait un bénéfice de 7 $ US par action, au prochain trimestre.
Le consensus des analystes pour le troisième trimestre, qui se terminera en juin, était plutôt de 8,97 $ US par action, soit 22 % de plus.
Cet écart, que M. Reitzes attribue à un excès de zèle, explique en partie pourquoi l’action d’Apple a peu réagi à la hausse de 15% du dividende et au rachat d’actions de 60 milliards de dollars américains, d’ici 2015, que tous réclamaient pourtant.
L’action a gagné à peine 2 % depuis la veille du dévoilement des résultats du premier trimestre.
Le 19 mars, l’analyste avait aussi indiqué qu’Apple pourrait aisément doubler son rachat d’actions et emprunter à faible coût pour le faire, afin d’éviter de rapatrier de l’étranger ses liquidités et ainsi encourir des impôts.
Son cours-cible de 465 $ US laisse entrevoir un gain potentiel de 14 % d’ici 12 mois.
« Une marge brute de 36 % est le seuil minimum à préserver pour que son titre reste achetable, en attendant un nouveau cycle de produits qui s’amorcera en septembre », note M. Reitzes.
Voici ce qu’il voit dans sa boule de cristal : en 2013, une croissance de 9 % des revenus et une baisse de 11 % du bénéfice à 39,17 $ US par action ; en 2014, une hausse de 2 % des revenus et un bénéfice stable de 39,40 $US ; en 2015, une croissance de 4 % des revenus et un rebond de 9 % du bénéfice à 42,90 $ US.
Avec d’aussi faibles taux de croissance, un rendement de dividende de 3 % similaire à celui de Coca-Cola et un multiple cours-bénéfices de 10,3 fois les bénéfices prévus en 2014, il est clair que l’entreprise culte perdra ses derniers actionnaires amateurs de croissance et se retrouvera de plus en plus dans des portefeuilles de titres à rendement total (des sociétés très rentables et qui retournent leur capital).
Ensemble, le nouveau dividende et le rachat annuel procureront un rendement annuel de 5 %.
« D’ailleurs, le rachat aplanira cette transition d’investisseurs », croit M. Reitzes.
En passant, le nouveau dividende d’Apple procure un rendement supérieur aux obligations américaines de 10 et 30 ans. La société versera aussi une plus grande part de ses bénéfices que 393 autres sociétés du S&P 500, selon Bespoke Investment Group.
Son titre est aussi moins chèrement évalué que 94 % des titres du S&P 500. Son multiple s’apparente à celui de Dell (Nasdaq, DELL), une entreprise en net déclin.
615 $ US à la hausse, 350 $ US à la baisse
615 $ US à la hausse, 350 $ US à la baisse
Comme ses collègues M. Reitzes y va de ses propres prévisions pour les expéditions d’iPhone, d’iPad et de Mac, mais ce sont ses scénarios risque-rendement qui sont le plus intéressants, pour ceux qui suivent Apple à la trace.
« Apple peut dégager un bénéfice de 35 $ US par action même sans croissance dans les ventes de ses iPhone, en rachetant ses actions. Avec une marge brute de 36 % et une légère croissance des revenus, ses bénéfices peuvent même atteindre 40 $ US par action », écrit M. Reitzes.
Dans le meilleur des scénarios d’une marge de 39 %, Apple regagne 615 $ US, soit 12 fois le bénéfice prévu en 2014, plus son encaisse de 153 $ US par action. Ce scénario assume une bonne croissance interne et des gains de part de marché.
Dans le pire scénario d’une marge brute de 33 %, son action glisse à 350 $ US, soit un ratio de 7 fois les bénéfices typique de sociétés de produits électroniques se butant à une forte concurrence et à des marges sous pression.
« Nous croyons toujours qu’Apple est une plateforme, comme le sont Amazon, Google et Facebook, qui peut stimuler sa croissance en innovant. Le lancement de nouvelles versions de ses produits ou de nouvelles catégories, ainsi que de nouveaux services du type iTunes et iCloud pourraient ré-énergiser ses investisseurs », conclut l’analyste de Barclays.