Dvai Ghose, l’analyste de Canaccord Genuity, n’a jamais été convaincu que la stratégie de convergence média de BCE soit le moteur de croissance espéré.
Les plus récents résultats de la société, meilleurs que prévus à certains égards, ne changent pas son opinion.
Il continue d’affirmer que 6,4 milliards de dollars dépenses pour acquérir CTV et Astral Média ont été une « erreur stratégique qui a fait dévier le capital et l’attention où il aurait dû aller, soit dans les actifs de connectivité », écrit l’analyste, dans un rapport publié après le dévoilement des résultats du premier trimestre.
Les activités média de BCE augmentent leurs revenus de seulement 3 % tandis que le bénéfice d’exploitation est inchangé, au premier trimestre, si Astral avait déjà fait partie de BCE, un an plus tôt. L’achat d’Astral s’est conclut le 5 juillet 2013.
Les pressions de Netflix et de la télé à la carte
Déjà, BCE ressent l’effet de la concurrence des services de téléchargement télé de Netflix, Apple et Google sur ses revenus d’abonnement et publicitaires.
Les chaînes spécialisées moins populaires de BCE risquent aussi perdre des clients une fois qu’elles ne seront plus imposées dans les forfaits de chaînes à partir de 2015, comme le veut la Commission de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), craint aussi M. Ghose.
L’analyste prévoit aussi que les marges des chaînes de télé sportives TSN et RDS diminueront après avoir perdu les droits principaux de retransmission des matches de hockey de la Ligue nationale de hockey à Rogers Communications.
Sans acquisition, peu de croissance
Sans acquisition, peu de croissance
Sans Astral et l’effet d’une dépense réglementaire inhabituelle au premier trimestre de 2013, les revenus et le bénéfice d’exploitation de BCE sont inchangés au premier trimestre malgré plus d’abonnés sans-fil, Bell Fibe et Internet.
« C’est signe que l’entreprise dépend trop des acquisitions pour faire croître ses revenus, son bénéfice d’exploitation, son bénéfice par action et son dividende », affirme M. Ghose.
C’est d’ailleurs pourquoi certains investisseurs croient que BCE fermera bientôt le capital de sa filiale Bell Aliant pour accéder à tous ses flux de trésorerie et les ajouter aux siens, et ainsi donner aux actionnaires la hausse annuelle du dividende qu’ils attendent.
Telus mieux positionnée
Bien qu’il préfère BCE à Rogers et à Shaw pour son dividende solide de 5,1 %, M. Ghose continue de penser que Telus a le haut du pavé dans l’industrie des télécommunications, en évitant les médias et en mettant l’accent sur son réseau et ses services.
« Telus tire une plus grande part de ses revenus du sans-fil et de l’économie plus vigoureuse de l’Ouest canadien que BCE. Le déploiement de son service télé Optik est plus avancé. Le potentiel de meilleurs dividendes est supérieur et il ne dépend pas d’acquisitions », conclut M. Ghose.
En 2015, BCE versera 66,2 % de ses flux de trésorerie excédentaires en dividendes, tandis que que Telus distribuera 59 % des siens.
Pourtant, les actions de BCE et de Telus s’échangent à des évaluations identiques. Il conseille donc aux actionnaires de BCE de conserver leurs actions, mais il recommande l’achat de Telus, avec un cours-cible de 43 $.
Comme pour lui donner raison, l’action de BCE recule de 1,1 % mardi à 48,40 $, tandis que celle de Telus gagne 0,54 % à 39,01 $. Telus dévoilera ses propres résultats du premier trimestre jeudi.