Prompt, habile et sympathique. Le courriel qu’a envoyé Uber à ses abonnés lundi matin démontre une autre fois l’efficacité de la société de covoiturage commercial.
«Que vous soyez un habitant de Candiac, Vaudreuil-Hudson, Saint-Jérôme, ou un visiteur fréquent de ces villes-ci, nous vous envoyons de l'amour cette semaine! Nous vous aidons à retourner à la maison tout en restant bien au chaud!» disait le message électronique. Rappelons qu’une grève avait été déclenchée la veille au CP, privant les habitants de ces banlieues du service de train qui les transporte habituellement au travail, au centre-ville de Montréal.
Dans son message, la société a rappelé ses tarifs (9$ par personne dans une voiture avec quatre passagers de Montréal à Candiac) et a offert une course de 20 dollars à ceux qui téléchargeaient son application.
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J’ai l’impression ici d’empiéter sur le territoire de Stéphanie Kennan et de mon collègue Julien Brault. Uber est une formidable machine, frondeuse certes, mais qui, en alliant marketing et technologie, a su offrir une solution nettement supérieure à ce que l’on retrouve chez le taxi. Mais contrairement à Stéphanie, je ne pourrais pas analyser la stratégie de commercialisation de l’entreprise. Je ne serais pas plus capable de décortiquer dans le menu détail le volet techno de l’affaire, comme pourrait le faire Julien.
Par contre, le consommateur de taxi que je suis est heureux de la présence en ville d’Uber. Le service est efficace, pratique et moins cher.
Je n’ai pas d’auto et je pense que je n’en aurai jamais (j’ai possédé une seule voiture, une Renault 5 en fin de vie, qui, malgré son âge et les mauvais traitements qu’on lui a fait subir, nous a offert de joyeuses virées durant six mois. Merci Martin de l’avoir boostée tant de fois, et toi Nathalie de l’avoir décorée). Bref, j’utilise le transport collectif, je loue des voitures et je prends des taxis.
Il y a un peu plus d'un an, l’application pour mobile d’Uber a été une révélation pour moi. Celle-ci permet de commander un taxi, indique la progression de la voiture, donne les détails sur le chauffeur, envoie une alerte lorsque celui-ci arrive, automatise le paiement avec la carte de crédit et envoie un reçu en indiquant sur une carte l’itinéraire emprunté.
Depuis quelques mois, elle intègre UberX, qui fait tant rager l’industrie du taxi. Présenté comme un service de covoiturage, UberX fait appel à des quidams en voiture, et non des chauffeurs taxis. Équipé d’une voiture quatre portes en bon état et d’un téléphone intelligent muni de l’interface Uber, ces personnes transportent des clients durant leur temps libre. On les commande avec l’application de la même manière que les taxis. Et un système de notation par étoiles entre clients et chauffeurs favorise un service attentionné.
Vendredi soir dernier, j’ai fait trois courses en UberX. Les trois expériences ont été excellentes. Le service a été rapide, les voitures étaient presque neuves et les conducteurs, des plus sympathiques. Le premier m’a même offert de diffuser ma musique dans la voiture à partir de mon téléphone, Spotify étant intégré à l’application Uber (génial!). Surtout, les trois trajets m’ont coûté 35 dollars en tout, alors que pour le même kilométrage en taxi, il m’aurait fallu sortir 50 dollars de mes poches. Minimum.
L’industrie du taxi est figée dans le passé
L’industrie du taxi est figée dans le passé
C’est vrai qu’écouter la radio haïtienne en compagnie d’un chauffeur qui vous parle de sa famille restée dans les Antilles n’a pas son pareil lorsqu’il fait -20 degrés. Mais combien de fois ai-je vu d’autres chauffeurs marmonner à leur cellulaire pendant le trajet, ou qui refusent la carte de crédit, ou pire, qui disent ne pas avoir de monnaie quand on leur présente un billet de 20 dollars pour régler une course de 15 dollars.
Alors, que fait l’industrie du taxi pour répliquer? Elle braille! Comme lors de l’implantation du service de l’autobus 747 qui fait la navette du centre-ville jusqu’à l’aéroport, dont elle réclamait l’abolition. Aujourd’hui, elle demande l’interdiction d’UberX sur le territoire de Montréal, comme ç’a été le cas dans plusieurs villes à travers le monde. Elle cotise même les chauffeurs pour lancer une campagne de sensibilisation auprès des clients sur les risques que comporte UberX.
Malheureusement, cette stratégie semble porter ses fruits. Le service UberX est jugé illégal par la Ville de Montréal et le ministère du Transport. Deux chauffeurs se sont récemment fait confisquer leur voiture et imposer une amende.
D’un autre côté, il faut reconnaître que les chauffeurs de taxi sont soumis à une règlementation contraignante et doivent payer des permis un prix qui n’a plus de raison d’être (200 000$ - certains considèrent leur permis comme un investissement et désespèrent, je les comprends, de voir sa valeur descendre en raison de l’arrivée d’Uber dans le paysage). Pourquoi ne pas revendiquer des assouplissements de ce côté-là? Et plus d’encadrement pour Uber, comme le recommande le parti municipal Projet Montréal?
Outre les efforts d’un outsider, l’entrepreneur Alexandre Taillefer qui veut revitaliser l’industrie en la dotant de technologies de pointe, le monde du taxi ne propose rien d’excitant.
Dans d’autres secteurs, la concurrence augmente la qualité du service et fait baisser les prix au profit des consommateurs.
Les taxis ne veulent pas de concurrence. L’industrie ne veut pas innover. Vive le statu quo! Aux dépens des clients.
Lire le billet de mon collègue Julien Brault sur le sujet: UberX ou pourquoi Montréal devrait abolir les permis de taxi
Aussi: Arrondir ses fins de mois avec UberX
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