BLOGUE. Le fameux article du Business Week (13 août 1979), intitulé «The Death of Equities», est devenu célèbre pour ne pas dire proverbial dans le monde du placement. Il est célèbre parce qu’il a été repris depuis 30 ans tellement souvent et proverbial parce qu’il illustre comment une manchette médiatique, reflétant le climat de son époque, peut envoyer un si mauvais signal aux investisseurs.
Il y a toutefois un autre article, beaucoup moins connu, qui mériterait de partager les «honneurs» de Business Week. C’est celui publié par le magazine Fortune en août 2000. Intitulé «10 Stocks to Last the Decade », cet article a été écrit par David Rynecki. Je ne voudrais pas être dans sa peau, 12 années plus tard.
«Nous sommes dans une nouvelle ère, un nouveau millénaire, écrit le journaliste. L’importance de titres comme Dell et EMC ne se situe désormais plus dans leur potentiel comme placements….mais dans leur capacité de nous enseigner des leçons précieuses à propos de comment investir à partir de maintenant. »
Comme bien d’autres, le journaliste financier concluait que la performance passée de titres comme Dell, Cisco, etc. démontrait que l’évaluation n’était plus importante. Ouf, la pire conclusion au pire moment.
Et pour aller plus loin, toujours au service de ses lecteurs, Fortune publiait une liste de 10 titres, dans la catégorie des titres à oublier pendant 10 ans. Les 10 titres étaient Nokia, Nortel, Enron, Oracle, Broadcom, Viacom, Univision, Schwab, Morgan Stanley, et Genentech.
Eh bien, le gestionnaire et analyste financier James Montier, de la firme GMO, a calculé la performance de ces titres, une décennie plus tard. Si vous aviez investi 100$ dans ces titres au moment de la publication de l’article, de façon égale (10$ dans chacun), vous auriez 30$, 10 ans plus tard $!!!!
Une perte de 70% en une décennie.
Selon M. Montier, ces 10 titres lors de leur achat, avaient en moyenne un ratio cours/bénéfices de 347! C’est pratiquement impossible à croire de nos jours , mais tel était le contexte au sommet de la bulle techno.
James Montier conclut que c’est ce qui arrive lorsqu’on investit sans marge de sécurité. Je suis tout à fait d’accord.
Toutefois, lorsque je pense à l’article de Fortune dans le contexte de celui de Business Week, 21 années avant, je ne peux m’empêcher de conclure jusqu’à quel point il est difficile pour un investisseur d’être à l’abri des excès d’euphorie et de pessimisme.
Pourtant, c’est une des conditions du succès en placement à long terme.
Bernard Mooney