Les autorités chinoises ont donné un coup de pouce aux marchés boursiers de la planète vendredi dernier en annonçant une baisse de leurs taux d’intérêt. On espère que cette mesure d’accommodation monétaire relancera l’activité économique, pas seulement en Chine, mais un peu partout dans le monde.
Je me demande si cet optimisme est justifié.
Mes inquiétudes face à la Chine et à son économie ne datent pas d’aujourd’hui. J’ai écrit une première chronique à ce sujet en 2006. Quelques années plus tard, en mars 2011, je crois, j’ai écrit un dossier de plus de 2 000 mots sur ce thème intitulé «Chine : la grande illusion», sous les regards désapprobateurs de mes patrons. Ils étaient loin d’être convaincus de la justesse de mon propos.
Cela en dit long sur la conviction à l’époque de bien des gens, incluant experts et stratèges, sur le supposé miracle chinois. Or, depuis, l’économie chinoise ne cesse de ralentir.
Au troisième trimestre de 2014, le produit intérieur brut chinois a crû de 7,3%, la plus faible croissance en cinq ans. C’est aussi inférieur aux attentes du gouvernement chinois qui visait 7,5%. Pour une économie qui nous avait habitués à croître à un rythme de plus de 10% pendant de nombreuses années, c’est décevant. En effet, de 1998 à 2008, la croissance économique a été de 10 % par année en moyenne.
C’est sans mentionner que les statistiques chinoises sont encore célèbres pour leur manque de rigueur, bien des économistes s’attardant surtout sur la direction relative que sur les données absolues.
Immeubles déserts
Cette faiblesse explique certainement la tentative des Chinois de stimulation monétaire. Or, ce n’est pas la première mesure axée à doper la croissance économique. Depuis plusieurs mois, les autorités chinoises ont multiplié les tentatives dans ce sens, entre autres en augmentant les investissements dans plusieurs secteurs de l’économie et en facilitant le crédit aux fermiers et aux entreprises privées.
Jusqu’à maintenant, l'effet reste mitigé.
Fondamentalement, il n’y a pas eu de grands changements en Chine. Son économie est toujours axée sur les investissements massifs en immobilisations faits pour la seule raison de gonfler les statistiques, sans aucune préoccupation pour le rendement. Ce qui fait que des millions d’immeubles sont encore inoccupés. La surcapacité de production des usines chinoises fait également peur.
De plus, la Chine demeure lourdement endettée avec un ratio de la dette par rapport à son PIB qui s’approche de 200%. Malgré le ralentissement de la croissance, la dette a continué d’augmenter. Enfin, la corruption est omniprésente.
En 2011, j’écrivais que l’économie chinoise était sur les stéroïdes. C’est encore vrai, mais le dopage a de moins en moins d’effet.
Ce qui fait que je continue de craindre que l’économie chinoise décevra bien des observateurs dans les prochaines années.
Bernard Mooney