BLOGUE. Les gestionnaires du Sequoia Fund ont annoncé à leurs clients la semaine dernière qu’ils voteront contre la nomination de James A. Johnson au conseil de Goldman Sachs et ont demandé l’appui des autres actionnaires.
C’est la deuxième année que Sequoia s’oppose à la nomination de M. Johnson qui est un ancien président de Fannie Mae; il a la réputation d’être un administrateur favorisant les grasses rémunérations. En 2006, l’hebdomadaire Barron’s l’a appelé «M. Générosité».
Le geste des dirigeants du Sequoia Fund est loin d’être typique pour eux. Robert D. Goldfarb et David M. Poppe ne sont pas reconnus pour être des investisseurs activistes. Ils sont reconnus pour être des investisseurs fondamentaux à long terme, parmi les meilleurs au monde (ils ont été nommés les gestionnaires de l’année en 2010 par Morningstar).
Le Sequoia Fund a été fondé par Bill Ruane, ami de Warren Buffett.
Dans leur lettre, MM. Poppe et Goldfarb n’y vont pas avec le dos de la cuillère lorsqu’ils décrivent James Johnson. «En tant que président du conseil et chef de la direction de Fannie Mae, le géant des hypothèques, entre 1991 et 1998, M. Johnson a fait du lobby de façon incessante auprès du Congrès pour qu’il relâche les normes de prêts et diminue les exigences en capital mises en place pour protéger les contribuables contre les pertes advenant une baisse du marché immobilier.»
Selon un rapport publié en 2006 par l'Office of Federal Housing Enterprise Oversight, l’organisme de réglementation de Fannie Mae, cette dernière aurait gonflé ses bénéfices à chaque année de 1998 à 2004 pour atteindre ses objectifs corporatifs, grossissant la rémunération des dirigeants. M. Johnson était président du conseil en 1998 et président du comité responsable de la rémunération en 1999.
Ils ajoutent : «M. Johnson a été au centre de plusieurs désastres de régie d’entreprise. Nous croyons que la feuille de route de M. Johnson le disqualifie comme administrateur de n’importe quelle société ouverte».
Il a été administrateur par exemple chez United Healthcare et KB Home qui ont été impliquées dans des scandales reliés à la rétro datation d’options. M. Johnson est également sur le conseil de Target dont Sequoia est également actionnaire. Le fonds votera également contre sa réélection s’il demeure en liste.
Sequoia possède 1,4 million d’actions de Goldman Sachs, ce qui n’est pas un placement important pour eux. Pourtant, les dirigeants prennent solidement position contre la direction de Goldman Sachs dans un geste aussi courageux que rare.
À mon avis, la seule façon de mettre un terme ou de diminuer la grande débauche de la rémunération en Amérique du Nord est précisément de voir de plus en plus d’importants investisseurs institutionnels prendre leur responsabilité en votant contre les dirigeants qui abusent au vu et au su de tous.
Un sincère bravo à Sequoia et à Bob Goldfarb et David Poppe.
Bernard Mooney