BLOGUE. J’ai mentionné il y a quelques jours que les principaux indices avaient réalisé des gains lors du premier semestre, à part l’indice canadien S&P/TSX en baisse de 3%. J’aurais dû ajouter que le marché obligataire avait également bien fait, les obligations américaines de 10 ans procurant un rendement de 4,3%, soit de plus de 5% si vous incluez les paiements d’intérêt.
Ce qui est vraiment exceptionnel dans un contexte où les rendements sont à 1,6%.
En effet, habituellement, les investisseurs se réfugient dans les obligations lorsque les perspectives boursières se noircissent. Que les deux marchés performent bien en même temps est au moins curieux.
Pendant le semestre, le prix de l’or s’est apprécié de 2,4% alors que le dollar américain s’est apprécié de 1,9% (sur la base du US Dollar Index). Encore là, c’est un peu bizarre quand on connaît la corrélation inverse entre ces deux actifs. Il faut dire que le dollar US a profité des problèmes en Europe, l’euro se dépréciant de 2,4% par rapport à la devise américaine.
Ce qui m’amène à une autre observation : devant l’énormité des problèmes européens, du moins si on se fie aux manchettes et au déferlement sans fin de grands titres négatifs, voire apocalyptiques, ne trouvez-vous pas curieux que l’euro ait perdu seulement un petit 2,4% de sa valeur par rapport au dollar US?
Ils sont nombreux à croire que l’euro est condamné comme devise. Toutefois, c’est loin d’être reflété dans le marché des devises! Après tout, il faut encore 1,25$US pour acheter un euro et 1,27$ CA!
Je m’explique plus facilement la performance boursière américaine. Sur une base relative, c’est aux États-Unis que l’économie performe mieux. La croissance de l’économie américaine n’a rien de spectaculaire, mais elle est plus élevée que dans bien des pays de par le monde.
Autrement dit, à l’heure actuelle, les investisseurs estiment que la Bourse américaine est la moins pire. Avec les taux d’intérêt déprimés, ceux à la recherche d’un placement, considérant les rendements possibles, les risques et la liquidité (soit la possibilité de vendre vite) achètent des titres de blue chips américains et des obligations américaines, ce qui soutient le dollar US.
Semestre mouvementé à prévoir
Le ralentissement économique mondial s’est fait ressentir dans le prix des matières premières. Le prix du pétrole a perdu 14% pendant le semestre et celui du gaz naturel 5,5% (expliquant une bonne partie de la performance négative de la Bourse canadienne).
Enfin, les investisseurs ne risquent pas de s’ennuyer pendant le deuxième semestre. Plusieurs drames macro-économiques se continueront, en commençant par l’Europe. La situation en Chine est également à suivre, alors qu’on cherchera à observer des signes que l’économie reprend de la vigueur. À mon avis, la Chine risque de décevoir davantage que l’Europe!
Aux États-Unis, il y aura bien sûr les élections présidentielles, ce qui sera le cadet des soucis des marchés. Les investisseurs s’inquiéteront davantage du sort de l’économie après l’expiration des baisses d’impôts instaurées par le président Bush, provoquant une augmentation des impôts dans un contexte de faible croissance.
Bernard Mooney