BLOGUE. L’industrie financière, principalement américaine, retient son souffle en attendant d’avoir tous les détails de l’univers réglementaire dans lequel elle évoluera. Tout ce que les institutions financières savent, c’est qu’il y aura plus de lois et règlements que jamais, qu’ils seront plus sévère que jamais et qu’ils coûteront plus cher que jamais.
Par exemple, c’est en 2010 que le Congrès américain a passé la loi Dodd-Frank. Deux ans plus tard, un tiers de ces nouvelles réglementations n’ont pas encore été publiées et écrites en détails. La Securities and Exchange Commission, la commission des valeurs mobilières américaines, est une des institutions gouvernementales qui aura la responsabilité d’appliquer ces nouvelles lois. Or, jusqu’à maintenant, elle a été en retard dans 65% des cas par rapport aux délais prévus.
Il y a aussi les fonctionnaires du nouveau Consumer Financial Protection Bureau, de la Federal Reserve sans oublier les génies qui se cachent à Basel. Tout ce beau monde travaille (le mot est généreux) à tresser la nouvelle camisole de force des sociétés financières.
Ils sont tous bien intentionnés (hum, dois-je rappeler que l’enfer est pavé de bonnes intentions?) Ils veulent établir des règles qui empêcheront une nouvelle crise financière comme celle de 2008-09. Qui peut être contre ça?
En attendant, les financières comme les grandes banques vivent dans l’incertitude, qui s’ajoute aux autres inquiétudes comme celles reliées à l’économie. Si je me mets dans la peau des banquiers, il me semble que je serais très prudent, plus prudent que normal (et un banquier est ou devrait être par définition prudent avec un P majuscule) avant de faire des prêts. Ce qui contribue certes à la tiédeur de l’économie...
Il me semble qu’il y a urgence de déterminer une fois pour toutes l’ensemble des règles du jeu. Et quant à le faire, le faire en se rappelant des limites inhérentes à toute réglementation.
Comme par exemple, une loi ou un réglement ne peut pas être plus efficace que celui (l’individu ou l’organisme) qui est responsable de son application. Saviez-vous par exemple que la Federal Reserve avait un bureau durant toute l’année 2008 chez Lehman Brothers et que ces gens n’ont pas vu du tout l’explosion des risques dans le bilan de cette financière?
De plus, on a dépeint les produits dérivés comme des monstres. J’ai ces produits en horreur, mais la réalité c’est que ce sont les mauvais prêts qui expliquent la grande majorité des problèmes des banques (comme c’est le cas actuellement pour les banques en Europe).
Malgré les meilleures intentions du monde, vous ne pouvez pas réglementer le manque de jugement. Et c’est toujours là la cause fondamentale des problèmes bancaires, d’un cycle à l’autre. Par exemple, lors des trois ans se terminant en 2011, JP Morgan a pris pour 60 milliards de dollars US en provisions pour pertes sur prêts. Voilà autant de mauvaises décisions qui ne font pas les manchettes.
Et le remède, la précaution simple et efficace pour éviter les répercussions de telles mauvaises décisions sur le système financier est d’avoir des exigences élevées en terme de capital.
Bernard Mooney