Vous connaissez le vieux dicton qui rappelle qu'il y a seulement deux certitudes dans la vie : les impôts et la mort. Eh bien, pour l'investisseur boursier, il y en a une troisième, celle des marchés baissiers.
Techniquement, un marché baissier est défini comme étant une chute d'au moins 20 % pour un indice principal d'un marché, comme le S&P 500 aux États-Unis et le S&P/TSX au Canada. Lors d'un marché baissier, la plupart des titres baisseront, et plusieurs de bien plus que de 20 %.
Si vous lisez un peu sur les marchés baissiers, vous constaterez qu'ils sont souvent associés aux crises économiques. Toutefois, c'est une erreur de croire qu'une crise est nécessaire pour avoir un marché baissier. La Bourse est trop capricieuse pour cela.
On peut avoir un marché baissier sans crise et même sans récession. Si vous êtes sceptique, je vous comprends, mais je vais vous rappeler le plus récent marché baissier, soit celui de 2011.
En effet, le S&P 500 est passé d'un sommet de 1 370 en avril de cette année-là à un creux de 1074 en octobre, pour un fléchissement de plus de 20 %. Pourtant, il n'y a eu ni crise économique ni récession. Les investisseurs ont simplement réagi avec crainte aux chicanes politiques américaines liées au relèvement du plafond de la dette et à la décote des titres de dette du gouvernement par Standard & Poor's.
J'ouvre une parenthèse ici pour souligner que ces craintes faisaient les manchettes partout dans le monde, et bien des experts prédisaient la fin du monde. Quatre années plus tard, on a complètement oublié !
Plus que cela, vous lisez et entendez un peu partout que la Bourse est dans une montée vertigineuse, sans heurt ni accrochage, ininterrompue depuis 2009, ce qui fausse la réalité.
Je reviendrai sur la leçon du marché baissier de 2011. Auparavant, je veux expliquer pourquoi il est normal qu'on ait des marchés baissiers.
En raison de la nature très émotive de la Bourse, les mouvements brusques et violents sont monnaie courante. Ce point à lui seul sert à vous prévenir de ce qui est possible. Plus vous avez un marché boursier prospère et plus celui-ci dure longtemps, plus vous risquez que l'optimisme grandissant mène à des excès. Ceux-ci peuvent être répandus dans tous les secteurs ou concentrés dans quelques-uns. Par exemple, en 1999-2000, l'euphorie était palpable dans le secteur de la technologie et en particulier les sociétés actives dans Internet.
L'excès d'optimisme peut se mesurer entre autres par les attentes exagérées des investisseurs et l'évaluation des titres. Pour revenir aux conditions qui ont mené à l'éclatement de la bulle de 2000, des sondages de l'époque révélaient qu'une majorité d'investisseurs s'attendaient, au minimum, à des rendements de 15 à 20 % par année pour les 10 prochaines années. De plus, le S&P 500 se négociait à plus de 25 fois les bénéfices, et plusieurs titres technologiques étaient deux fois plus chers.
Chaque fois que j'écris sur le thème des marchés baissiers, je reçois des messages de lecteurs me disant qu'ils sont convaincus que je traite du sujet parce que je pense qu'un marché baissier est proche. Je veux prendre le temps de faire exploser cette idée saugrenue. D'abord, je n'ai aucune idée du moment où aura lieu la prochaine baisse importante de la Bourse. Personne ne le sait.
Ensuite, si vous observez la situation en Bourse actuellement, vous n'y retrouvez pas les conditions qui sont le plus souvent associées aux marchés baissiers, comme l'euphorie (au contraire, la crainte et l'inquiétude sont encore assez répandues) et l'évaluation exagérée.
Par contre, je vous rappelle ce qui est arrivé en 2011. S'il y a une leçon de ce plus récent marché baissier, c'est qu'une baisse de 20 % peut survenir même sans excès d'enthousiasme, même sans récession, même sans que les titres boursiers soient à 30 fois les bénéfices.
C'est pour cela qu'il faut être prêt à affronter cette bête du marché baissier à tout moment.
Comment s'y préparer
Le premier pas est de prendre conscience que cela peut arriver à tout moment, donc, d'être toujours prêt.
Il est aussi important de maintenir une situation financière solide, évitant la dette. C'est toujours une mauvaise idée d'acheter des actions sur marge et encore plus pendant un marché baissier.
Ensuite, la meilleure façon de s'y préparer est simplement de vous bâtir et de maintenir en tout temps un portefeuille à l'abri des intempéries et des crises. Ce qui veut dire de choisir des sociétés très solides, qui passeront n'importe quelle période difficile. Avoir une saine diversification aidera aussi.
Les titres spéculatifs, de plus en plus populaires au fur et à mesure que le marché haussier se développe, disparaissent pratiquement durant les périodes de vache maigre. Faites donc le ménage tout de suite !
Enfin, si vous avez des fonds et de l'épargne, les marchés baissiers sont des occasions exceptionnelles d'enrichissement. Car c'est en achetant à des niveaux déprimés que vous multipliez vos chances de vous enrichir à long terme.
Bourse
Obligations : un rendement à long terme qui fait peur
Si vous achetez des obligations, prenez une seconde pour examiner leur rendement historique. Lorsque vous ferez l'analyse critique de ces rendements, vous aurez un argument de plus pour faire attention à cette catégorie d'actifs. C'est ce qui m'a frappé en consultant les données du Credit Suisse Global Investment Returns Sourcebook, version 2015, qui contient 115 années d'histoire de 26 marchés financiers partout dans le monde. Par exemple, la Bourse canadienne a procuré un rendement réel (après l'inflation) annuel de 5,8 % depuis le 31 décembre 1899. Pendant la même période, les obligations canadiennes ont procuré 2,2 % par année.