BLOGUE. Les investisseurs américains n’ont pas aimé l’annonce de l’offre faite par Lowe's pour acheter la québécoise Rona. Le titre a reculé de plus de 6% depuis cette annonce.
Comprendre pourquoi vous aidera à mieux saisir le fonctionnement des marchés boursiers.
En principe, la tentative de Lowe's n’est pas si importante, du point de vue de la taille. L’offre de 1,8 milliard de dollars (G$) représente à peine 6% de la valeur boursière de Lowe's et 5% de sa valeur totale (incluant sa dette). Pas de quoi faire paniquer un actionnaire.
D’autant plus que si le détaillant américain réussissait à prendre le contrôle, il gonflerait rapidement sa présence dans un marché connexe, tout en éliminant un compétiteur.
Tout cela est vrai. Par contre, le geste des dirigeants de Lowe's est mal perçu parce qu’il contredit le plan qu’ils veulent vendre à Wall Street.
En un mot, la stratégie de Lowes est de ralentir son expansion, maximiser les fonds autogénérés et créer de la richesse en versant la plus grande partie de cet argent à ses actionnaires sous forme de rachats d’actions.
La direction a ainsi mentionné son intention de racheter la moitié de ses actions d’ici les prochaines années.
«Alors que la société vit des changements significatifs à l’interne et qu’elle n’a pas de personne capable de diriger ces changements, elle fait une offre pour acheter un détaillant au nord de la frontière dont la performance laisse à désirer», écrit l’analyste Gary Balter, de Credit Suisse.
Rona: notre dossier sur l'offre d'achat de Lowe's
Cet analyste, que je connais depuis plusieurs années et qui est solide, ajoute qu’étant donné leur plan de racheter de leurs actions, on ne peut que se demander pourquoi Lowe's cherche à acheter un faible compétiteur au lieu d’utiliser l’argent pour réduire son nombre d’actions en circulation.
C’est une bonne question.
De plus, l’entêtement des dirigeants à vouloir acheter Rona ajoute à cette perception qu’il s’agit là d’une diversion inutile et dangereuse.
M. Balter conclut en mentionnant qu’à court terme, le risque du titre de Lowe's augmente et qu’il préfère son compétiteur Home Depot.
Les forces de la compétition étant ce qu’elles sont, pourquoi prendre un risque additionnel sans savoir si on sera récompensé? Un gestionnaire de portefeuilles qui pense ainsi vend ses actions de Lowe's pour acheter celles de Home Depot!
C’est ce qui explique la baisse du titre de Lowe's (celui de Home Depot a reculé de 2,8% pendant la même période).
Bernard Mooney
P.S. Et c’est sans mentionner que les dirigeants de Lowe's peuvent se retrouver au milieu d’une querelle nationaliste typiquement québécoise qui leur donnera le goût de vomir!
Rona: notre dossier sur l'offre d'achat de Lowe's