Le week-end dernier, après avoir consulté un guide détaillé sur les autos, très bien fait en passant, je l'ai lancé au bout des bras, découragé et, surtout, plus mêlé qu'avant !
Je connais peu le domaine automobile, et cela ne m'intéresse pas beaucoup. De plus, je lis ce genre de guide seulement une fois les cinq, six ou sept ans, par obligation. Bref, c'est un fardeau !
Et là, j'ai eu un flash : c'est probablement ce que ressentent bien des épargnants après la lecture des nombreux textes de conseils sur le REER. Ces derniers sont assaillis constamment et bruyamment durant la période des REER, qui commence dès le début de l'année pour se prolonger jusqu'à la fin de février. Et l'information que les lecteurs reçoivent est souvent contradictoire, peu pratique et institutionnelle.
S'enrichir ou rester riche ?
Ce dernier aspect est important à comprendre. En effet, lorsqu'un spécialiste d'une grande institution financière est interrogé au sujet du REER, il a tendance à reproduire le message «correct» de son institution, comme «le REER est important», «cotisez le plus tôt possible», «diversifiez», «soyez prudent», etc. Il ne perdra pas son emploi avec un tel message !
C'est la même chose avec les nombreux planificateurs financiers qui ne font, la plupart du temps, que remâcher les recommandations classiques.
Alors que la réalité est que la constitution de votre REER dépend d'abord et avant tout de vos objectifs personnels. Et c'est là que j'estime important d'insister. En effet, pour la plupart de mes lecteurs qui ont moins de 60 ans et dont l'objectif est d'amasser le plus de capital possible avant leur retraite, la répartition d'actifs est simple et puissante : 100 % actions.
Pourtant, ils se feront dire que c'est trop risqué et qu'il faut diversifier, avec une bonne portion dans les titres à revenu fixe, etc. Ce message traditionnel est vrai, en théorie. Par exemple, si vous vous présentez devant moi, après avoir vendu votre entreprise pour 5 millions de dollars et que vous me demandez des conseils quant à votre répartition d'actifs, je vous conseillerai de bien répartir votre capital entre plusieurs catégories d'actifs, afin de minimiser vos risques, protéger votre capital et vous procurer un bon rendement.
Dans ce cas, votre argent est fait et votre objectif ne devrait pas être de devenir riche, puisque vous l'êtes déjà (à l'exception de certains entrepreneurs qui continuent de vouloir magnifier leur capital...).
Si je vous lance à la figure ce 100 % en actions, c'est que la Bourse est le placement le plus rentable à long terme de tous les actifs qui vous sont accessibles. Et c'est cela qu'il vous faut dans votre REER, en priorité, si vous voulez vous enrichir.
Le dilemme, spécialement cette année, c'est la proportion à investir au Canada par rapport à celle à investir aux États-Unis et à d'autres endroits dans le monde. D'ailleurs, c'est le thème de notre principal reportage dans le cahier Investir, en page i-2.
Ne pas se laisser influencer
D'une part, la Bourse américaine performe de façon supérieure depuis quelques années, ce qui a pour conséquence de vous attirer. Pendant ce temps, la Bourse canadienne, elle, répugne avec sa forte prépondérance en ressources naturelles, qui est un boulet pour les rendements.
Il y a un hic, car, en raison de la mauvaise performance canadienne et du déclin du prix des matières premières, notre dollar s'est fortement déprécié. Imaginez : pour acheter ces titres américains, si convoités, vous devez payer une prime d'environ 25 %. Ce qui signifie que votre contribution de 10 000 $ à votre REER ne peut acheter que pour moins de 8 000 $ US en titres américains. Que faire ?
À mon avis, vous ne devez pas changer votre stratégie en raison de la défaveur du Canada ni de la force du dollar américain. Par exemple, je suggère depuis des années un maximum de 25 % de son portefeuille au Canada, le reste étant investi aux États-Unis (au moins 50 %) et à l'international.
Vous n'êtes pas obligé de suivre cette stratégie à la lettre. Par contre, si, en fonction de votre approche, vous avez déjà décidé d'investir 35 % de votre capital en actions canadiennes et qu'en raison de la mauvaise performance de notre marché boursier, vous vous retrouvez avec moins de 30 %, vous devez utiliser votre cotisation pour maintenir votre pondération visée.
Vous ne devez pas laisser l'actualité vous tracasser, car l'actualité changera. Et la pire erreur dans le placement, c'est d'être une girouette.
La même chose s'applique si vous estimez que votre pondération en actions américaines est trop basse. Ne laissez pas la valeur du dollar canadien brouiller votre jugement. Vous devriez acheter des titres américains pour augmenter la partie de votre portefeuille consacrée à la Bourse américaine.
Enfin, l'instrument idéal pour investir en action, si vous ne voulez pas vous tracasser à choisir des titres, reste le fonds négocié en Bourse (FNB). De plus, un FNB pour le marché canadien, un pour le marché américain et un ou deux pour les actions internationales, c'est suffisant.
Économie
Les taux américains n'ont aucun sens !
Le rendement de l'obligation gouvernementale américaine à moins de 2 % (1,82 % pour être plus exact), ça n'a aucun sens. Je sais ce que vous me répondrez en lisant cette affirmation : les économies mondiales végètent, l'inflation n'est pas un problème, et avec la dégringolade des prix pétroliers, le plus important risque, c'est la déflation. C'est pourquoi un tel rendement obligataire, eh bien, ça a du sens ! Oui, sauf que, si vous regardez les rendements obligataires américains dans le contexte de leur économie, oups ! vous ne pouvez que conclure qu'il y a contradiction et probablement un problème majeur à plus ou moins brève échéance.