Les titres des principales banques américaines sont plus intéressants que ceux des institutions financières canadiennes, selon moi.
Parmi leurs attraits, leurs bilans sont quasi immaculés et débordent de liquidités. Elles sont mises à l'épreuve régulièrement par les autorités de réglementation. De plus, ces institutions sont bien placées pour profiter de la poursuite de la croissance économique et d'une éventuelle hausse des taux d'intérêt.
L'effet de levier
Commençons par comparer la solidité financière des banques, notamment grâce au ratio de l'avoir tangible par rapport à l'actif tangible. Pour les sept plus grandes banques américaines (un échantillon qui comprend Wells Fargo, JP Morgan Chase et Citigroup), au premier trimestre de 2015, ce ratio était de 7,8 % en moyenne, selon les analystes financiers James Fotheringham et Sohrab Movahedi, de BMO Marchés des capitaux.
Ce ratio signifie que pour chaque dollar d'avoir des actionnaires, les banques possèdent un levier de 13 $ en actif.
Pour les six grandes banques canadiennes, ce ratio est de 4,6 %, ce qui représente un effet de levier de plus de 21 (21 $ d'actif tangible par dollar d'avoir). On constate donc que les banques américaines ont un effet de levier nettement inférieur, ce qui diminue considérablement leur risque financier.
Tant au Canada qu'aux États-Unis, ces ratios sont nettement supérieurs à ce qu'ils l'étaient lors de la crise et avant celle-ci. Au premier trimestre de 2009, les banques américaines et canadiennes affichaient un ratio de 3,3 %, alors qu'au premier trimestre de 2005, les canadiennes avaient un ratio 3,8 %, et les américaines, de 4,5 %.
La croissance
Le facteur le plus important qui favorise les banques américaines, à mon avis, est leur plus grand potentiel de croissance. Au Canada, les banques ont affiché une croissance annuelle composée des bénéfices de 11 % depuis la crise ; aux États-Unis, cette croissance a été de 12 %. Évidemment, plusieurs nuances ressortent, comme le fait que les bénéfices américains ont plus souffert de la crise ; partant d'une base moins élevée, il est normal qu'ils rebondissent de façon plus importante.
En outre, ce qui compte vraiment pour les investisseurs, c'est la croissance future.
Ici aussi, certaines nuances s'imposent. Les marges bénéficiaires des banques américaines ont été restreintes de façon exceptionnelle par des taux d'intérêt qui approchent zéro et par les coûts de la réglementation. On peut débattre longtemps à savoir si ce dernier facteur sera temporaire, mais on peut s'entendre pour dire que ce n'est qu'une question de temps avant que le premier enjeu se résorbe, du moins en partie.
La Réserve fédérale américaine sera la première banque centrale d'importance à remonter les taux directeurs, ce qui aidera les banques américaines.
L'autre facteur important à considérer pour avoir une idée du potentiel de croissance est la performance des économies. Je ne prévois pas de désastre au Canada. Toutefois, en raison de notre dépendance envers les ressources naturelles, de notre marché immobilier surévalué et de l'endettement élevé des consommateurs, notre économie performera moins bien sur une base absolue et aussi sur une base relative à la situation américaine.
Par conséquent, les banques américaines profiteront d'un contexte plus favorable au cours des prochaines années.
L'évaluation
Des deux côtés de la frontière, les titres bancaires se négocient à des ratios plus élevés que pendant la crise, mais moins élevés qu'avant la crise. Par exemple, au Canada, les titres bancaires se vendent en moyenne à 2,6 fois leur valeur comptable tangible, selon BMO, par rapport à 2,1 fois au premier trimestre de 2009 et de 3,1 fois au premier trimestre de 2005.
Aux États-Unis, les sept banques américaines les plus importantes se vendent à 1,3 fois leur valeur tangible par rapport à 1,1 fois il y a six ans et 3,1 fois il y a 10 ans.
Au Canada, les actions des banques se vendent à 11 fois leurs bénéfices prévus pour l'exercice qui se termine en octobre 2016, avec un taux de rendement de dividende de 3,97 %, selon Scotia Capital. C'est environ la moyenne historique depuis 15 ans. La Banque TD (TD, 55,37 $) est la plus chère, à 11,5 fois, et la Banque CIBC (CM, 95,63 $), la moins chère, à 8,5 fois.
La croissance prévue des bénéfices jusqu'en 2017 est très faible toutefois. Les analystes de Scotia prévoient 5 % de croissance en 2015, 4 % en 2016 et 6 % en 2017.
Aux États-Unis, les grandes banques se vendent dans l'ensemble aussi à 11 fois les bénéfices de 2016 (31 décembre), mais la croissance prévue est supérieure. Les analystes prévoient ainsi en moyenne une croissance de plus de 10 % par an pour les cinq prochaines années.
Malgré cela, des titres comme JP Morgan, Bank of America et Citigroup se vendent aux environs de 10 fois les bénéfices.
Par exemple, JP Morgan se vend 10,4 fois ses bénéfices prévus de 2016, selon Value Line Investment Survey. Ce service de recherche prévoit une croissance annuelle de 8,5 % d'ici 2020.
Les banques américaines sont ainsi plus solides que jamais et ont un bon potentiel de croissance à long terme, tout cela à une évaluation raisonnable.