BLOGUE. Selon une intéressante étude faite par l’analyste financier David Zion et son équipe de Credit Suisse, de 2004 à 2011, les sociétés du S&P 500 ont investi un total de 2 700 milliards de dollars (G$) US pour racheter de leurs actions. Seulement 180 de ces sociétés, soit 36%, ont réussi à réaliser un rendement supérieur à leur coût du capital.
Globalement, en date du 31 mai 2012, les 2 700 G$US ont procuré des profits de 449G$US, incluant des dividendes de 231G$US. C’est un rendement d’un peu plus de 16% sur plus de huit ans, soit 2% par année!
Il y a 306 sociétés ou 61% qui affichent un rendement positif, mais 154 qui ont un rendement négatif ou 31% (40 sociétés n’ont pas racheté du tout). Sur une période de huit ans, c’est vraiment une performance moche.
«Cela démontre que la plupart des rachats pour l’indice S&P 500 depuis les huit dernières années n’ont pas encore vraiment créé de richesse pour les actionnaires restants», conclut M. Zion.
Pendant ces huit ans, ces sociétés du S&P 500 ont mis plus d’argent dans leurs programmes de rachat que dans leurs dividendes (1 800G$US versés en dividendes durant la même période). Les 2 700G$US se comparent aux 3 700G$US investis dans les immobilisations.
L’analyste observe que le principal problème est tout simplement que les sociétés ont tendance à racheter de leurs actions lorsqu’elles se vendent à un prix élevé. Autrement dit, elles rachètent quand tout va bien et que le titre se vend cher et cessent de racheter lorsque le titre est déprécié.
Par exemple, en mai et en août 2007, alors que le S&P 500 était à un record, les sociétés du S&P 500 ont racheté pour 66G$US de leurs actions à chaque mois, un record. Or, pendant toute l’année 2009, les rachats ont été inférieurs à ces deux mois, soit 131G$US. Cela se compare à 364G$US en 2008 et à 583G$US en 2007!
L’analyste a de plus identifié les meilleures sociétés à racheter leurs actions, c’est-à-dire celles qui ont réalisé le rendement annuel le plus élevé. Le détaillant Dollar Tree domine avec un rendement annuel de 34,0% en huit ans, suivi par le producteur de fertilisants CF Industries (32,6%) et Visa (32,4%).
Philip Morris, Autozone et TJX font également partie de la liste des 10 meilleurs.
IBM vs HP
À l’opposé, la liste des pires sociétés est dominée par les financières. Citigroup a par exemple dépensé 21G$US de capital pour racheter des actions qui valent aujourd’hui 1,2G$US. L’assureur AIG est le pire avec un rendement annuel de -51%, suivi par Citigroup (-33,9%) et Sprint Nextel (-31,1%).
Parmi les 10 sociétés qui ont réalisé les plus importants rachats, les performances sont vraiment divisées. Par exemple, IBM a investi près de 90G$US pour racheter plus de 800 millions de ses actions, procurant un rendement annuel attrayant de 15,3% à ses actionnaires. À l’opposé, Hewlett-Packard a dépensé 61G$US pour racheter 1,6 milliard d’actions pour un rendement annuel négatif de 11,3%.
ExxonMobil est le plus important racheteur, avec 180G$US en huit ans pour un rendement annuel de 4,9% suivi de Microsoft (101G$US et rendement de 3,5%). Wal-Mart a réalisé un rendement de 8,9% avec son rachat de 48G$US.
Il est clair à mon avis que la seule façon pour une société de créer de la richesse avec les rachats est de le faire uniquement lorsque son titre se vend sous sa valeur intrinsèque et qu’elle a la situation financière pour le faire.
Bernard Mooney