La dernière fois que j'ai écrit, il y a maintenant un peu plus d'un mois, le prix du pétrole était à 63 $ US le baril, après une descente de 40 $ US par rapport à son sommet de 2014 et de 85 $ US depuis son sommet historique de l'été 2008.
Je n'ai peut-être pas écrit depuis la mi-décembre, mais j'ai tout de même suivi l'actualité financière. Et c'est avec fascination que j'ai observé ces nombreux investisseurs, gestionnaires et stratèges qui se disent sur le point de sauter sur l'occasion que procure la baisse des prix pétroliers.
Et au moment d'écrire ces lignes, le 14 janvier, le baril de pétrole de catégorie West Texas Intermediate se vendait à environ 45 $ US ! Une baisse de 27 % depuis un mois qui fait bien mal à ces chasseurs d'aubaines.
Si j'ai un conseil à vous donner en ce début d'année, c'est d'éviter le pétrole. Les lecteurs qui me connaissent savent que je ne recommanderai jamais d'acheter ce genre de matière première, investissement qui appartient à la catégorie des spéculations, selon moi. Mais en ce moment, il est évident que le pétrole est loin d'un creux et qu'il importe de faire cette mise en garde.
De plus, si vous faites partie de ces investisseurs à la recherche d'un bon placement pour leur REER, regardez ailleurs. Je reviendrai dans une future chronique sur les placements à privilégier pour votre REER.
En effet, toutes les pièces du casse-tête sont en place pour faire en sorte que le marché baissier du pétrole soit long et destructeur.
La bulle des années 2000
D'abord, il ne faut pas oublier l'extraordinaire marché haussier qui a fait passer le prix du pétrole de 20 $ US en 2001 à plus de 140 $ US en 2008. Une telle performance a attiré des capitaux immenses vers la ressource, pour profiter de cette manne. En effet, les prix élevés du pétrole ont stimulé l'exploration et l'application de nouvelles technologies. En particulier, le forage horizontal et la fracturation hydraulique ont permis de mettre au jour des réserves de gaz et de pétrole gigantesques.
Les prix élevés ont aussi permis la mise en exploitation de gisements coûteux comme celle des sables bitumineux de l'Ouest canadien.
Ce marché haussier a aussi influencé la psychologie des investisseurs. Tandis que la récente baisse des prix aurait dû semer la crainte, elle a plutôt suscité l'enthousiasme.
Par exemple, les investisseurs achètent massivement le fonds négocié en Bourse (FNB) Energy Select Sector SPDR (NY, XLE, 74,16 $ US), qui reproduit l'indice sectoriel de l'énergie du S&P 500.
Ce FNB se retrouve avec un nombre record d'actions en circulation, en hausse de plus de 30 % depuis deux mois, et est le reflet de la demande d'investisseurs qui veulent «profiter» de la baisse (le nombre d'actions d'un FNB comme le XLE fluctue selon la demande des investisseurs).
Ce n'est qu'un FNB parmi d'autres. Selon Bloomberg, seulement en décembre, plus de 3 milliards de dollars américains ont été investis dans des FNB liés au secteur pétrolier.
Pour moi, il n'y a qu'une explication à ce phénomène surprenant, car on aurait pu s'attendre à ce que la baisse sème la crainte et non la convoitise.
Les investisseurs croient avoir trouvé un outil «évident» pour s'enrichir. En effet, convaincus que les prix pétroliers ne peuvent que s'apprécier à long terme, ils achètent encore le pétrole, malgré la dégringolade récente. C'est simple : ils comparent le prix récent (45 $ US) avec le sommet de 105 $ US de juin 2014 et se disent que ce n'est qu'une question de temps...
Ouais... quand la majorité s'attend à quelque chose, vous savez ce qui arrive.
Cet aspect du marché devrait suffire pour vous motiver à vous tenir loin du pétrole. En effet, lorsqu'il y a vraiment un creux, ce n'est pas l'enthousiasme qui règne, mais le pessimisme, voire la dépression. On n'en est pas encore là.
Une production toujours excédentaire
Ensuite, du côté fondamental aussi, les signes ne sont pas réjouissants. Il faut se rappeler que l'élément déclencheur a été le refus de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) de réduire sa production, avec en tête l'Arabie saoudite, déterminée à ne pas céder de parts de marché aux nouveaux producteurs dérangeants, comme ceux des États-Unis.
Depuis cette décision et malgré la baisse sensible des prix, il n'y a aucune indication selon laquelle la production fléchira à court terme. Les pays de l'OPEP ont maintenu la ligne dure en mentionnant qu'il n'est pas question de changer leur politique. Les producteurs américains non plus ne bougent pas, les plus faibles justement continuent de produire à perte pour générer des liquidités leur permettant de s'acquitter de leurs obligations financières. Au Canada également, les producteurs sont déterminés à maintenir leur exploitation, les coûts de fermeture et les délais étant trop élevés.
Par exemple, Canadian Natural Resources a annoncé le 12 janvier qu'elle prévoyait augmenter sa cadence de production cette année par rapport à celle de 2014.
Sur le plan économique, il peut être rentable d'augmenter sa production totale, ce qui a pour effet de diminuer son coût de production par baril.
Par contre, ce qui a du sens, société par société, mène à un surplus de production encore plus élevé à court terme. La seule chose qui peut briser ce cycle, c'est une combinaison comprenant des prix encore plus bas et une durée plus longue des prix déprimés.
C'est ce qui se prépare et se dessine.
Bourse
Tout un début d'année !
Il me semble que toute une année d'actualité s'est écoulée depuis mon dernier texte. Pourtant, je n'ai pris qu'un mois de congé... D'abord, le prix du pétrole a accéléré sa chute, presque verticale jusqu'à un rebond en fin de semaine dernière. Ensuite, Bombardier a déçu ses actionnaires, encore, dans ce qui ressemble de plus en plus à une spirale négative. Enfin, l'américaine Target a annoncé la semaine dernière son retrait du marché canadien, dans une nouvelle qui m'a renversé. Ce n'est pas tant l'échec de l'aventure canadienne qui me surprend, mais le comment. En commençant par la façon, hâtive et arrogante, que Target a lancé son offensive.