BLOGUE. Je sais très bien que de nombreux et très bons investisseurs ont confiance dans Sears Holdings et son principal actionnaire Edward Lampert. Ils y voient un titre nettement sous-évalué.
Or, lorsque je regarde la société et sa performance, je vois un désastre en devenir.
Par exemple, lors de son premier trimestre dont les résultats ont été publiés la semaine dernière, Sears a subi une perte de 279M$US.
Les ventes comparables aux États-Unis ont reculé de 3,6% au cours du trimestre, tandis celles de Sears Canada ont aussi baissé de 2,6%. Évidemment, la direction attribue cette performance à la température, plus précisément au printemps plus frais que la normale.
Pas convaincant à mon avis. Surtout quand on sait que le principal compétiteur direct de Sears, J.C. Penney traverse une période très difficile. Sears devrait chercher à en profiter avant que son compétiteur se redresse.
Les marges brutes de Sears ont baissé de 2,2%, ce qui est énorme. Celles de Sears Canada ont également reculé, passant de 29,0% à 28,1%. Les ventes totales au Canada ont reculé de 8% à 842M$ alors que la filiale canadienne a perdu 38M$ contre un bénéfice d’exploitation de 124M$ en 2012.
Si vous voulez une bonne nouvelle, la direction souligne que ses revenus provenant de l’Internet (sears.com et kmart.com) ont progressé de 20% pendant le trimestre. Je ne suis pas sûr qu’il faille se réjouir trop vite, car je serais surpris si ce segment était rentable.
«Notre performance récente n’est pas acceptable», a déclaré M. Lampert, qui est président du conseil et chef de la direction de Sears.
Une valeur cachée?
La direction a annoncé qu’elle songeait à vendre ses activités de garantie en tout ou en partie dans le but de lever 500M$US en capital additionnel.
Et c’est là le point faible majeur, selon moi. En effet, les gestionnaires qui font confiance à Sears vous diront que c’est un «asset play», dans le sens que l’ensemble des actifs vaudrait beaucoup plus cher que la valeur boursière actuelle, en partie en raison des actifs immobiliers.
Pour réaliser cette valeur, M. Lampert vend des morceaux de Sears depuis quelques années, comme des magasins avec l’immobilier sous-jacent et des filiales.
Toutefois, cela ressemble davantage à une société qui vend des actifs pour rester en vie que pour créer de la richesse.
Comme l’analyste Gary Balter, de Credit Suisse, l’écrivait récemment, lors du premier trimestre, Sears a perdu 4% de ses ventes parce qu’elle avait vendu des magasins. Ce 4% de revenus perdus a provoqué une baisse des bénéfices de 36%, ce qui signifie que la direction vend de ses meilleurs magasins.
Pourtant, ces ventes n’ont pas encore gonflé son bilan, bien au contraire. Sa dette totale atteignait 3,8G$US au 4 mai 2013 à comparer à 3,1G$US en février 2013. Cela se compare à 3,4G$ au 28 janvier 2012. La dette augmente donc malgré les ventes d’actif.
Il ne faut pas oublier que Sears a des obligations de 2,6G$US relatives aux programmes de retraite de ses employés.
Tout cela par rapport à un avoir des actionnaires de 2,9G$US (4,5G$US, il y a un an).
C’est pas mal lourd pour une société qui a perdu de l’argent lors de ses deux dernières années.
Vous comprenez pourquoi j’ai mes doutes et surtout, pourquoi je ne comprends pas l’enthousiasme de tant d’investisseurs face à ce titre.
Bernard Mooney