BLOGUE. C’est la saison REER. Pour plusieurs épargnants, décider où ira leur contribution annuelle est un calvaire.
Je les comprends. La majorité des gens n’ont aucun intérêt pour le placement. Ils savent bien qu’ils ont tout à gagner à s’occuper de leurs affaires. Toutefois, quand vient le temps de décider s’ils doivent investir en Bourse ou dans les certificats de dépôt, ils préfèreraient un traitement de canal!
D’autant plus que l’expérience récente et pas si récente a laissé des cicatrices. L’épargnant qui a accepté de quitter la sécurité réconfortante du CPG pour s’aventurer dans les actions, souvent conseillé par une personne d’une institution financière qui n’avait pas beaucoup plus d’expérience que lui, l’a amèrement regretté.
En 2013, et cela est vrai depuis quelques années déjà, sa mission première est de ne pas prendre de risque. Encore là, vous et moi, nous le comprenons. Ce qui est moins bien compris, beaucoup moins en fait, c’est que la réalité humaine fait en sorte qu’il est impossible de ne pas prendre de risque.
Le risque est partout, sous des formes et des dimensions différentes. L’investisseur boursier risque de perdre du capital et pour compenser cela, il vise des rendements plus élevés. La personne qui dépense tout ce qu’elle gagne, sans épargner un sou, risque de manquer d’argent lors du prochain imprévu, que la vie lui servira aussi certainement qu’après la pluie vient le soleil.
L’épargnant qui met tout son capital dans les CPG risque de manquer d’argent à la retraite ou pour réaliser un de ses rêves. L’épargnant court un autre risque qu’il partage avec le retraité. C’est le risque associé à la réduction systématique de son pouvoir d’achat.
Vous verrez bien souvent des gens s’époumoner à dire que la Bourse c’est risqué, avant de se plaindre, en changeant de sujet, que le coût de la vie ne cesse d’augmenter année après année.
L’inflation est un ennemi pernicieux. On croit qu’à 2-3%, il n’est pas à craindre tant que ça. C’est une grave erreur, croyez-moi.
Pour les 20 ans terminés en 2012, selon la Banque du Canada, le taux d’inflation annuel a été de 1,8% en moyenne. Cela semble peu, mais cela signifie que ce qui coûtait 100$ en 1992 coûtait 143$ l’an dernier.
Je vous dirais que pour les prochaines années, si vous voulez planifier de façon conservatrice, vous devriez le faire en utilisant un taux d’inflation de 3% par année. Ce 3% signifie qu’un panier de biens coûtant 100$ aujourd’hui coûtera plus de 181$ en 2033.
S'enrichir lentement
Si votre capital ne s’apprécie pas, cette inflation signifie une érosion systématique de votre pouvoir d’achat. J’appelle cela s’appauvrir lentement, mais sûrement.
Pour contrecarrer ce risque, pas besoin de réaliser des rendements faramineux. Juste un peu plus élevé que celui offert par les titres à revenu fixe.
Dans ce sens, vu de cette optique, le marché boursier peut représenter une solution moins risquée. En effet, si pour votre REER, vous investissez en Bourse avec l’idée de faire un rendement de 5% par année, les fluctuations vous feront moins peur que si vous visez 10% et plus par année.
Pour réussir, vous devez percevoir la Bourse uniquement dans un horizon à très long terme, soit plus de 10 ans et d’acheter uniquement des fonds négociés en Bourse (FNB) dans votre REER. Vous achetez un FNB pour le marché canadien et un FNB pour le marché américain, et vous oubliez la Bourse pour au moins un an. Et vous ne suivez jamais les actualités boursières!
Cette recette simple, voire simpliste, vous permettra de vous enrichir lentement, ce qui est la meilleure façon de le faire.
Bernard Mooney