BLOGUE. En décembre, MIT Technology Review rapportait que le fabricant de panneaux solaires Global Solar avait fermé ses portes alors que Ampluse, spécialisée dans les cellules solaires, s’apprêtait à le faire. Ce qu’elle a fait quelques jours plus tard.
Ce n’est qu’une partie de l’histoire alors que de nombreuses sociétés oeuvrant dans le secteur de l’énergie solaire ont fermé ou fermeront en raison de la surabondance de panneaux solaires, en grande partie provoquée par les Chinois.
Cela se reflète évidemment dans la performance des titres boursiers du secteur. First Solar (FSLR), le leader avec une valeur boursière de 2,7 milliards de dollars (G$) US, se retrouve à 32$US, 90% de moins qu’à son sommet de 2008.
Suntech Power (STP) est à 1,79$US par rapport à son sommet de plus de 50$US en 2008. SunPower (SPWR) est passé de 90$US à moins de 8$US.
Ici au Québec, nous avons 5N Plus qui se retrouve à 2,24$ après un sommet de 12$US quelques mois après son introduction en Bourse en 2007-08.
Si vous jetez un regard à la performance récente de ces titres, vous remarquerez qu’ils ont rebondi de façon significative par rapport à leur creux. First Solar, depuis son creux de juin sous les 12$US, a presque triplé. C’est impressionnant pour ceux qui ont acheté dans le creux, mais à peine discernable si vous avez acheté au sommet.
Comme la fibre optique
Si vous êtes tenté par ce secteur, je vous conseille la prudence. Habituellement, ce genre de situation prend de nombreuses années avant de se rétablir. A bien des égards, l’industrie solaire me rappelle l’industrie de la fibre optique en 2000. Les deux devaient transformer la planète et enrichir les investisseurs au-delà de toute attente. On attend encore le premier et le deuxième s’est avéré un douloureux désastre.
Lors de la bulle technologique, des milliards et des milliards de capitaux ont été dirigés pour profiter de la manne de la fibre optique. Cela a provoqué une surabondance quasi biblique. Je me demande si le surplus, 12 ans plus tard, est du passé. Je ne serais pas surpris que ce ne soit pas encore le cas.
C’est un peu la même chose avec le solaire qui a profité de l’explosion des prix pétroliers jusqu’en 2008 combinée à l’explosion de ce que j’appelle le «placement vertueux» (tous ces investissements faits pour sauver la planète...). Ainsi, des centaines et des centaines de sociétés ont vu le jour, en partie avec les capitaux des institutions évoluant dans le capital de risque et également en raison des juteuses subventions gouvernementales visant l’industrie solaire.
Le résultat en un mot: une offre nettement supérieure à la demande. Et cela ne semble pas vouloir se corriger à court terme.
En effet, selon Gordon Johnson, analyste du secteur chez Axiom Capital Management, à New York, le surplus de capacité est loin de se résorber.
«Seulement en Chine, il y a selon nos calculs une capacité de production de plus de 40 gigawatts à la fin de 2012 alors que la demande à l’échelle mondiale ne dépasse pas 24 gigawatts. Or, la Chine continuera d’augmenter sa capacité cette année», explique-t-il.
M. Johnson avait averti les lecteurs de l’hebdomadaire Barron’s en 2009 qu’un désastre était à l’horizon.
Même si plus de 30 compagnies ont fermé leurs portes, l’analyste constate que la Chine continue d’investir dans le secteur, malgré les pertes encaissées.
Ce n’est guère bon pour les producteurs du reste du monde qui, eux, doivent viser la rentabilité ne serait-ce que pour rester en vie.
L’analyste recommande donc d’éviter le secteur (il a un cours cible 9$US pour First Solar).
S je me fie à l’histoire des grandes bulles, il a raison.
Bernard Mooney