BLOGUE. Je suis actuellement à Chicago pour assister à la conférence World MoneyShow, une grande foire s’adressant aux investisseurs de tous acabits. Jeudi matin, j’ai fait la rencontre avec Robert Prechter, auteur et analyste reconnu pour ses prévisions basées sur le principe des vagues d’Elliott.
Je connais M. Prechter depuis longtemps, lui ayant déjà parlé une première fois au début de ma carrière vers 1986 et 1987. Il est d’ailleurs devenu célèbre à cette époque, plusieurs gens croyant qu’il a prédit le krach de 1987, ce qui n’est pas vraiment vrai. Ce n’est que par la suite qu’il est devenu négatif quant aux perspectives boursières.
Je lui ai donc demandé s’il était encore négatif face à la Bourse. Il m’a répondu, sans hésitation: «je suis très pessimiste. Les marchés peuvent poursuivre leur lancée dans les trois prochains jours, mais ils sont trop dispendieux.»
Malheureusement, je n’ai pas eu le temps de converser davantage avec M. Prechter, car il devait commencer sa présentation. Il m’a mentionné en me quittant que les investisseurs auront une occasion immense d’acheter des actions d’ici les trois prochaines années à des niveaux beaucoup plus bas qu’actuellement.
Le problème avec Robert Prechter, c’est qu’il prévoit une baisse monstreuse depuis longtemps. En juillet 2010, selon le Globe and Mail, il conseillait aux investisseurs de vendre leurs actions. «Nous avons commencé un marché baissier qui aura des proportions historiques, peut-être le plus important des 300 dernières années.»
Par curiosité, j’ai assisté à sa conférence. Il n’a pas fait de prédictions et n’a pas parlé des perspectives financières. Il a plutôt décrit les prémisses de ce qu’il appelle la socionomie, soit l’étude du comportement humain dans un contexte social. M. Prechter prétend que c’est l’humeur sociale qui provoque les comportements socio-économiques et non l’inverse.
Dans sa présentation, il détruit toutes les relations les plus connues entre les variables fondamentales. Par exemple, les investisseurs sont convaincus que lorsque les taux d’intérêt baissent, les marchés boursiers s’apprécient. M. Prechter montre que ce n’est pas vrai. Il fait la même chose avec des variables comme le déficit commercial, les bénéfices des entreprises, l’évaluation des titres en Bourse, etc.
Sa conclusion: c’est la psychologie des masses qui fait bouger les marchés et rien d’autre. Et son conseil: il faut oublier les éléments fondamentaux pour se concentrer uniquement sur l’observation des marchés.
Dans une certaine mesure, Robert Prechter a raison. La psychologie EST importante. Par exemple, j’observe que les investisseurs autour de moi, à la conférence, font preuve de sobriété. Il n’y a pas d’enthousiasme délirant, ni de pessimisme déchirant, ce qui me dit que les principaux marchés ne sont ni à un sommet, ni à un creux. En fait, on parle beaucoup plus dans les coulisses des risques qu’il y ait un krach.
Toutefois, prétendre que la psychologie explique tout, c’est exagéré, voire farfelu. Observer les marchés quotidiennement dans le but de décortiquer l’évolution de cette psychologie est contre-productif car à mon avis, ce n’est qu’aux extrêmes qu’elle est significative.
Bernard Mooney
P.S. La moyenne d'âge des gens assistant à la conférence est assez élevée. Et je suis frappé de constater combien de ces personnes rêvent encore d'acheter LE titre qui les rendront riches en quelques mois, voire quelques semaines. BM