BLOGUE. Plusieurs lecteurs ont réagi à la suite de la publication de mon blogue du 21 novembre, intitulé Ce que le passé nous enseigne sur les rendements, notamment concernant les données sur l’immobilier.
Par exemple, un lecteur m’a écrit ce qui suit :
« Dans votre dernier article vous mentionnez que le rendement des maisons depuis 1939 est de 6,3%. Cette donnée m'a étonné au point de vérifier plus loin. »
Il ajoute qu’il a vérifié en consultant entre autres l’indice Case Shiller.
Mon texte décrivait certaines données historiques financières fascinantes que l’on retrouve sur un graphique publié par le site Getsmarteraboutmoney.ca (initiative du Investor Education Fund). Sur ce graphique, on peut voir par exemple que le prix d’une maison neuve est passé de 4 000$ en 1939 à 331 000$ en 2011.
Et j’ai ajouté qu’il s’agissait «d’un rendement annuel composé de 6,3% ».
Or, parler de rendement dans ce cas est une erreur. En effet, acheter une maison neuve est loin d’être comparable à l’achat d’une obligation, d’une action ou d’un certificat de dépôt. Lorsque j’achète une de ces valeurs, je mets un capital déterminé et puis c’est tout. Dans certains cas, je peux recevoir un revenu (dividende dans le cas d’une action et revenu d’intérêts dans les deux autres cas), mais c’est tout.
C’est loin d’être la même chose lorsque j’achète une maison. D’abord, la plus grande partie du temps, cet achat est fait en empruntant une grande partie du capital. De plus, la résidence familiale ne procure pas de revenus. Bien au contraire car à chaque année il faut débourser pour l’entretien et les réparations et pour payer les assurances et les taxes.
Alors, pour vraiment pouvoir calculer le rendement d’une maison au fil des années il faudrait tenir compte de tous ces facteurs, ce qui est pour le moins complexe. Et pour obtenir le rendement après impôts, il faudrait aussi tenir compte des différences dans le traitement fiscal (par exemple, le profit réalisé à la vente d’une résidence familiale n’est pas imposable).
Par ailleurs, un autre lecteur m’a fait observer, avec raison, que la maison dite «moyenne» avait beaucoup évolué au fil des ans. En effet, depuis plusieurs décennies, la tendance veut que les maisons soient de plus en plus grandes, ce qui explique en partie le fait qu’elles se vendent plus chères. Ainsi, pour comparer judicieusement la maison «moyenne» de 1939 et celle de 2011, il faudrait tenir compte de ce facteur (rien ne dit que ce phénomène de la maison toujours plus spacieuse va se continuer dans l’avenir).
De plus, une grande partie, sinon la totalité, de l’appréciation de la valeur à long terme a tendance à s’expliquer par la valeur du terrain et non celle du bâtiment en lui-même.
En fait, à mon avis, la résidence n’est pas vraiment un placement (c’est tout à fait différent dans le cas de l’immobilier à revenu).
Enfin, concernant l’indice S&P/Case-Shiller, mentionnons qu’il veut suivre l’évolution des prix des maisons existantes (sur la base des transactions), et non des maisons neuves. De plus, on tente de mesurer les prix en gardant un même niveau de qualité de maison. Il existe en deux variantes, l’indice composite de 10 grandes villes américaines et le composite de 20 villes.
Bernard Mooney