BLOGUE. Les marchés financiers et bien des investisseurs semblent retenir leur souffle en attendant une résolution du fameux précipice fiscal aux États-Unis. Il est vrai que le choc d’une hausse d’impôts dès le premier janvier jumelée à des coupures «automatiques» des dépenses gouvernementales a de quoi faire peur. De nombreux économistes et experts prédisent qu’il serait suffisant pour faire tomber l’économie américaine en récession.
Il y a deux prémisses derrière une telle prédiction. D’abord, que la croissance de l’économie est très faible et ensuite que les principaux intervenants subiront le choc sans réagir.
S’il est vrai que le redressement de l'économie depuis le choc de 2009 a déçu, en particulier en ce qui a trait à la création d’emplois, la reprise s’est nettement élargie cette année. Les signes en sont nombreux, comme la confiance des consommateurs qui atteint un niveau pas vu en quatre ans, les prêts bancaires ont été en hausse toute l’année, le secteur immobilier rebondit, le consommateur a réduit significativement son endettement et le taux de chômage a baissé de 1,2% en 14 mois.
L’économie américaine est donc plus solide qu’il y a plusieurs années. Toutefois, cela ne signifie pas qu’elle soit invincible, ne rêvons pas en couleurs. Par exemple, un flop dans les négociations politiques pour éviter le précipice fiscal et sa médiatisation affecteraient certes la confiance des consommateurs, du moins pour un temps.
Par ailleurs, on parle trop souvent de récession sans vraiment la comprendre vraiment. Il y a deux principales causes à une récession, soit des conditions monétaires restrictives et des excès significatifs dans l’économie et/ou un secteur en particulier. Je suis désolé de décevoir les amateurs de sensations fortes, mais aucun de ces deux éléments n’est présent actuellement.
Politique très accommodante
Avec des taux d’intérêt pratiquement à zéro, la politique monétaire de la Réserve fédérale est accommodante comme jamais dans l’histoire.
Il est vrai qu’une réduction des dépenses gouvernementales serait un facteur restrictif, mais cela ne ferait que réduire d’un cran une politique fort accommodante.
Les individus et les entreprises encaisseraient le choc et s’adapteraient assez rapidement. S’il y a un choc économique, tout indique qu’il serait temporaire, mineur et vite oublié.
Enfin, il ne faut pas oublier l’impact positif d’un tel développement. Le précipice serait en soi un pas en avant important vers la réduction du déficit gouvernement américain et ainsi la résolution d’un épineux problème.
Bernard Mooney