BLOGUE. La décision du CRTC de refuser l’acquisition d’Astral Média par BCE a été un choc. Même si je n’ai pas d’intérêt dans la transaction, je croyais comme bien des financiers que son approbation n’était qu’une formalité.
Il semble que ce fut une erreur car la philosophie de l’organisme fédéral de réglementation a changé.
En effet, j’ai passé une partie de la fin de semaine à lire à ce sujet et tout le monde est d’accord sur un point : le CRTC prend son rôle de défense du consommateur au sérieux. C’est un mandat qu’il a reçu directement du gouvernement conservateur.
Si c’est vrai, je ne peux qu’être d’accord. Au lieu d’observer et de réglementer du haut des tours corporatives, le CRTC dorénavant le fera au niveau de la rue, en plein au milieu des consommateurs.
Voilà une révolution pour une industrie qui n’a jamais été tendre envers ses clients. Par exemple, les sociétés de téléphone siphonnent des milliards aux jeunes clients ados en leur fournissant leurs téléphones cellulaires sous le déguisement de contrats archi complexes. Les abus de ce côté sont flagrants et le CRTC veut s’y attaquer. Bravo.
Par ailleurs, j’espère que le CRTC ira au bout de son idée. En effet, il a refusé le mariage Bell-Astral parce que cela aurait donné à la mariée près de 34% du marché télévisuel anglophone et plus de 24% du marché francophone.
La suite logique est de cogner à la porte de Québecor et de forcer son démantèlement. Pourquoi? Tout simplement parce que cette société domine largement le marché télévisuel au Québec avec ses 35% de parts de marché, domine largement le marché de la câblodistribution avec Vidéotron, domine outrageusement le marché des magazines et de l'édition, et domine enfin le marché des journaux quotidiens et hebdomadaires.
Le marché québécois, en raison de l’obstacle de la langue, n’offre pas la variété qu’on retrouve dans les autres provinces. Par exemple, le consommateur qui ne parle que le français ne peut se tourner vers les contenus anglais et américains s’il est insatisfait de l’offre de l’empire Québecor. Ce que peut facilement faire l’Ontarien insatisfait de Bell.
Pour le consommateur québécois, c’est un énorme désavantage.
De plus, la direction de Québecor a fait la preuve que sa stratégie de convergence s’exerce peu importe les intérêts du consommateur lorsqu’elle est a, sans retenue, utilisé toute sa domination pour mener une campagne de dénigrement systématique pour empêcher la réalisation de l’achat d’Astral par Bell.
Alors, si le CRTC est vraiment sérieux dans son virage pro-consommateur, son prochain geste est d’exiger le démantèlement de Québecor.
Si vous dites qu’un tel démantèlement est impossible car Québecor profite d’une clause grand-père, je vous répondrai que le CRTC, plus d’une fois, a déjà changé les règles du jeu. Pourquoi pas une autre fois pour aider le consommateur québécois étouffé ?
Bernard Mooney