BLOGUE. L’histoire d’amour des investisseurs avec Apple semble terminée, ou du moins les noces sont remises à plus tard. Depuis octobre, ou plus précisément depuis la publication des résultats du trimestre clos le 30 septembre, le titre a dégringolé de plus de 17% et il perd plus de 20$US ce matin.
Pendant ce temps, le marché, représenté par l’indice S&P 500 a perdu moins de 5%.
Cette sous-performance crée des remous parmi experts et stratèges, qui y vont chacun de leur analyse. J’ai lu par exemple qu’en raison de sa taille (une valeur boursière de plus de 500 milliards de dollars), le titre était condamné. J’ai vu une comparaison entre Apple et les titres technos en 2000. Une autre prétendant que les investisseurs étaient aussi en amour avec la société qu’ils l’étaient avec Coca-Cola en 1998. Enfin, que le titre souffrait du fait que tous les gestionnaires l’ayant dans leur portefeuille, il ne reste plus personne pour l’acheter....
Si vous avez de l’intérêt pour Apple, ne laissez pas ces explications vous décourager. D’abord, l’argument relié à la taille n’est pas complètement absurde. En principe, il devrait être plus facile de croître rapidement pour une société qui a une valeur boursière de 2G$US qu’une en valant 500G$US.
«En théorie, il n’y a pas de différence entre la théorie et la pratique. Mais, dans la pratique, il y en a», disait sagemment Yogi Berra.
Plusieurs craignent Apple parce qu’ils se disent qu’il n’y a jamais eu de société avec une valeur boursière de 1 000G$US, ce qui est vrai. Or, qu’il n’y en ait jamais eu ne signifie pas qu’il n’y en aura jamais. En fait, je crois que ce n’est qu’une question de temps avant qu’il y en ait une ou plusieurs.
Je ne sais pas si ce sera Apple qui atteindra cette marque le premier, mais elle a de bonnes chances.
La taille est un faux argument dans le sens qu’il passe outre la véritable question à savoir est-ce qu’Apple mérite son évaluation actuelle. En d’autres termes, est-ce que sa valeur reflète bien sa performance financière ?
Durant l’euphorie Internet, de très nombreux titres avaient des valeurs boursières de plus de 50G$US, sans avoir réalisé un seu dollar de bénéfices et pire, sans avoir vraiment un modèle d’affaires éprouvé. Vous conviendrez avec moi que c’est d’être le cas avec Apple.
De plus, il est vrai que les investisseurs et les financiers sont tombés en amour avec Apple. Et encore là, je vous dirais que c’est tout à fait normal dans le contexte de sa performance financière extraordinaire dans un environnement économie relativement difficile.
De ma vie, je n’ai jamais vu une telle performance économique, une grande société croître si rapidement et être si rentable. Jamais.
La bonne question
En fait, la bonne question, c’est comment expliquer que les investisseurs ne soient pas tombés davantage en amour! Malgré sa performance et notariété planétaire, le titre ne s’est vraiment jamais transigé à plus de 20 fois les profits.
Selon moi, cela s’explique justement par l’implosion de la bulle Internet dont certains résidus sont imprégnés pour longtemps dans la mémoire des investisseurs.
À court terme, la performance du titre s’explique d’abord et avant tout par le fait que la société ait publié pendant deux trimestres consécutifs des résultats inférieurs aux attentes des investisseurs. Dans ce sens, il est sur le banc de punition.
Apple a également des problèmes d’approvisionnement, étant incapable de répondre à la demande pour le iPhone 5 (combien d’entreprises aimeraient avoir ce genre de problèmes?).
Le titre se vend maintenant 12,8 fois ses bénéfices des 12 derniers mois et 11,2 fois ceux prévus pour l’exercice en cours (sans tenir compte de son encaisse).
Une chose est certaine : l’évaluation n’est pas une raison d’éviter Apple!
Bernard Mooney