Novembre est le mois de la littératie financière. Pour l'occasion, on a demandé à notre chroniqueur Bernard Mooney de nous expliquer ce que c'est exactement, et de nous livrer quelques trucs pour mieux vivre, financièrement.
Comme on l'explique en introduction, novembre est le mois de la littératie financière. Je veux profiter de cette occasion pour vous décrire mes grands principes pour réussir sa vie financière.
Pour commencer, comment se définit la «littératie financière» ?
«La littératie financière, c'est le fait de disposer des connaissances, des compétences et de la confiance en soi nécessaires pour prendre des décisions financières responsables.» Voilà la définition qu'offre l'Agence de la consommation en matière financière du Canada.
À mon avis, c'est plus simple que cela. Il s'agit d'en savoir assez en matière de finances personnelles pour atteindre ses objectifs financiers. La définition gouvernementale est basée sur la volonté de faire de vous un meilleur consommateur de produits et services financiers, ce qui est correct.
Pour moi, par contre, les produits financiers ne se consomment pas comme des bananes ou un autre bien. Ils ont un but différent, celui de s'enrichir. Ou, une autre façon de dire la même chose, la connaissance financière doit viser à optimiser votre capital pendant toute votre vie.
Le concept ultime
Selon cette vision, je crois que le grand principe, l'ultime concept à maîtriser et à se rappeler tout le temps est celui des intérêts composés. Il influera directement ou indirectement sur toutes vos décisions financières.
Par exemple, si vous vous demandez pourquoi épargner est important, la réponse réside dans le pouvoir des intérêts composés. Si vous voulez savoir pourquoi la Bourse est la meilleure façon de vous enrichir à long terme, les intérêts composés vous offrent la réponse. Si vous voulez comprendre l'attrait d'un régime comme le REER à long terme, là encore, tournez-vous vers les intérêts composés.
Enfin, si vous vous demandez pourquoi il vaut souvent mieux louer son logement plutôt que de l'acheter, les intérêts composés vous donnent la réponse.
J'en suis venu à croire qu'un cours obligatoire devrait exister dès le secondaire, pas sur l'économie, mais uniquement sur le fonctionnement et la puissance des intérêts composés, l'arme ultime d'enrichissement massif ou d'appauvrissement massif.
En effet, on décrit souvent (souvent oui, mais pas assez) comment les intérêts composés peuvent enrichir l'épargnant-investisseur. Pourtant, ces mêmes intérêts composés peuvent vous ruiner.
Parlez-en par exemple à ceux qui ont des soldes impayés sur leur carte de crédit, des emprunts à des taux d'intérêt supérieurs à 15 % ! Cette dette représente un rouleau compresseur, un engin qui appauvrit lentement, mais sûrement.
Une fois que vous maîtrisez ce concept, les leviers pour prendre en main vos finances et pour vous enrichir à long terme deviennent évidents. Voici donc ces leviers, présentés par ordre d'importance.
Premier levier : L'épargne
Le premier levier est l'épargne. En effet, peu importe vos revenus, si vous dépensez plus que vous ne gagnez, vous creusez votre tombe financière.
Bien des gens pensent que les personnes qui ont des revenus de plusieurs centaines de milliers de dollars par année sont nécessairement riches. C'est faux. Je lisais récemment l'histoire d'une dame au bord de la banqueroute, malgré des gains de 500 000 $ par année. Elle a expliqué avec candeur qu'avec une telle rémunération, elle croyait qu'elle n'avait pas à se préoccuper de ses finances et qu'elle pouvait tout se payer. Grave erreur. Plus loin dans le même texte, je suis tombé de ma chaise lorsque j'ai appris que cette même personne en était à sa deuxième faillite personnelle...
L'épargne systématique est ainsi l'une des clés fondamentales pour s'enrichir. Peu importe votre point de départ dans la vie, si vous épargnez au moins 10 % de vos revenus année après année, vous ne pouvez que vous enrichir à long terme.
Pour bien des gens, épargner n'est pas facile et même contre nature. C'est pour cela qu'il faut structurer ses affaires de façon à ne pas avoir à y penser chaque semaine. La meilleure façon est de faire retirer systématiquement au même rythme que votre paie 10 % de votre salaire. Et de ne jamais, au grand jamais dépenser cette épargne.
Deuxième levier : Le placement
Le deuxième levier est le placement. Une fois que vous avez épargné du capital, il est important de le faire fructifier. Investir vous permet d'accélérer l'accumulation de votre capital. En raison de ma passion pour la Bourse, investir a signifié avoir 100 % de mon capital à la Bourse depuis 1986. C'est encore vrai aujourd'hui. Je continue de croire que c'est la meilleure façon de m'enrichir.
Pour ce faire, il y a deux grandes approches, la gestion passive et la méthode active. Si vous aimez le marché boursier comme moi, je vous recommande la méthode active, c'est-à-dire de vous bâtir vous-même un portefeuille diversifié de titres que vous suivrez de près. Si vous adoptez cette voie, développez et maintenez une attitude fondamentalement axée sur le placement à long terme. Une philosophie grâce à laquelle vos chances de réussir sont très bonnes. Cherchez constamment à vous améliorer et à apprendre de vos erreurs. Vous en profiterez toute votre vie.
Si vous voulez obtenir des rendements boursiers sans vous casser la tête, la gestion passive est pour vous. Il s'agit de bâtir un portefeuille composé de fonds indiciels, c'est-à-dire des fonds communs ou des fonds négociés en Bourse (FNB).
Là encore, si vous acceptez mon concept de simplicité, vous n'avez pas besoin de plus de trois fonds : un pour acheter le marché boursier canadien, un pour le marché américain et un autre pour le marché international, dans des proportions avec lesquelles vous êtes à l'aise (je vous suggère de mettre 25 % au Canada, 50 % aux États-Unis et 25 % à l'international).
En passant, c'est une grave erreur de tripoter cette pondération parce qu'un marché est impopulaire ou l'inverse. Par exemple, même si le Canada n'est pas à la mode, si vous avez décidé d'y investir 25 % de votre portefeuille, maintenez cette décision, peu importe la saveur du jour.
Troisième levier
Les frais
Le levier suivant est de minimiser les frais. Encore une fois, si vous connaissez la loi des intérêts composés, vous savez qu'un dollar de trop payé en frais vaut plusieurs dollars à long terme.
Pour l'investisseur boursier, minimiser les frais signifie de négocier le moins souvent possible et de le faire par le truchement d'une plateforme de courtage à escompte.
Pour l'investisseur passif, cela signifie de s'en tenir aux fonds indiciels, moins coûteux et plus efficaces.
Cela veut aussi dire de chercher les forfaits bancaires les mieux adaptés à vos besoins et les moins coûteux. Si vous payez 10 $ par mois en frais bancaires, cela représente plus de 1 000 $ sur 10 ans, sans tenir compte de l'appréciation possible de votre capital. Avez-vous le moyen de payer autant d'argent à votre grosse banque ?
Du côté des assurances, domaine qui peut être complexe, il faut chercher la bonne couverture au meilleur prix. Ce qui signifie de commencer par faire ses devoirs en définissant correctement ses besoins réels, avant même de magasiner.
Quatrième levier
Les impôts
Enfin, le dernier levier est de minimiser les impôts. Sans en faire une maladie, ce qui peut pousser à prendre des chemins douteux qui peuvent devenir douloureux, vous devez toujours chercher à alléger votre facture d'impôts. Concrètement, cela signifie d'utiliser les outils existants comme le REER, le CELI et le REEE pour faire vos placements. Et si vous avez des comptes imposables, le placement à long terme est la meilleure voie pour réduire vos impôts.
Comme vous le voyez, les façons de réduire sa facture d'impôts sont peu nombreuses, les abris fiscaux ayant presque tous complètement disparu. Je vous dirais que ce n'est pas très grave, surtout si vous utilisez pleinement les trois autres leviers.
Plus loin que les dollars
Je m'en voudrais de vous laisser sur l'impression que le monde des finances personnelles se résume exclusivement aux dollars. C'est faux, en particulier lorsque vient le moment de mettre une grande partie de son capital dans une résidence unifamiliale. Ce genre de décision ne peut pas se prendre uniquement en fonction des coûts et des dollars.
Par exemple, je peux vous démontrer qu'il est plus avantageux d'investir votre capital en Bourse plutôt que d'acheter la maison de vos rêves. Toutefois, mes calculs ne peuvent pas prendre en considération la valeur du confort, de l'espace et d'un lieu gratifiant pour élever votre famille. Les chiffres ne suffisent donc pas à ce genre de prise de décision.
En fait, pour prendre une décision éclairée et enrichissante à tous les points de vue, il faut tenir compte de l'impact à long terme sur votre situation financière ainsi que des avantages intangibles.
Car le but ultime de la littératie financière n'est pas de vous créer un immense chiffrier vous permettant de prendre automatiquement toutes vos décisions, mais bien de maîtriser les aspects financiers pour ne plus jamais être l'esclave des dollars.
Les 10 habitudes de la richesse
Voici quelques habitudes que partagent les gens riches et prospères, selon entre autres Tom Corley, auteur de Rich Habits: The Daily Success Habits of Wealthy Individuals, Thomas J. Stanley, auteur de The Millionaire Next Door et de mes propres observations.
1 Vivez en dessous de vos moyens. «Peu importe vos revenus, vivez toujours en dessous de vos moyens», a écrit M. Stanley. C'est l'habitude de base menant à la richesse.
2 Ne jouez pas. Selon M. Corley, 77 % de ceux qui peinent à joindre les deux bouts jouent à la loterie.
3 Lisez. Je vous dirais que c'est la plus puissante clé du succès dans la vie.
4 Évitez les distractions. Si vous lisez beaucoup, vous passerez moins de temps à bavarder inutilement.
5 Fixez-vous des objectifs clairs, ambitieux, mais réalisables. En mettant sur papier vos objectifs, vous faites un premier pas vers leur réalisation et vous devancez la grande majorité des gens qui ne font qu'espérer.
6 Parlez moins, écoutez davantage. De cette façon, vous apprendrez plus et vous vous enrichirez davantage.
7 Évitez les gens toxiques. Tom Corley écrit que 96 % des gens qui ont des difficultés financières fréquentent des personnes qui en ont aussi. Ça dit tout.
8 N'abandonnez jamais. Si je regarde ma carrière d'investisseur, je vous dirais qu'une grande partie de mon succès s'explique par le fait que je n'ai jamais laissé les claques à la figure stopper ma détermination à m'enrichir.
9 Combattez vos croyances destructrices. Si, dans votre for intérieur vous êtes convaincu que vous êtes imbécile, que vous n'arriverez jamais à rien.
10 Éliminez le mot «chance» de votre vocabulaire. Oui, elle existe, mais vous ne devez pas compter sur la chance pour réussir, et vous ne devez jamais expliquer vos échecs par la malchance. Prendre le chemin de la richesse, c'est prendre l'entière responsabilité de votre destin.