BLOGUE. Je commençais à désespérer! Depuis plusieurs jours, voire depuis le début de l’été, le marché boursier progresse tranquillement comme si tous les problèmes de la planète étaient réglés. Ce qui a tendance à favoriser le retour de l’enthousiasme chez les investisseurs.
Au point où j’étais sur le point de dire qu’il y avait quelque chose qui clochait. Je commençais à m’ennuyer...
Et voilà que deux manchettes, les deux en provenance du site de la chaine spécialisée CNBC, nous préviennent de la future crise, qui pointe à l’horizon. Et elle concerne ce que les Américains surnomment le «fiscal cliff» (qu’on pourrait traduire par le «précipice fiscal»).
Vous entendrez probablement beaucoup parler de ce précipice dans les prochaines semaines. Il concerne le fait que d’importantes réductions d’impôts viennent à échéance le 31 décembre touchant entre autres les dividendes et les gains en capital. De plus, le premier janvier, des réductions «automatiques» des dépenses gouvernementales sont prévues, conséquence du difficile débat de l’été dernier concernant l’augmentation du plafond de la dette du gouvernement américain.
Ces deux événements, jumelés, sont perçus comme des menaces importantes pour la croissance économique en 2013, dans un contexte de très faible croissance. Assez, selon plusieurs experts, pour pousser l’économie au bord, sinon en pleine récession.
Tout cela si les politiciens américains ne s’entendent pas sur des mesures pour diminuer cette réduction subite de la stimulation économique.
Dans la première manchette de CNBC, le stratège David Kostin, de Goldman Sachs, recommande aux investisseurs de vendre leurs actions avant que cette crise prenne toute la place dans l’actualité. Il prévoit une baisse de 12% de l’indice S&P 500 parce que selon lui le Congrès américain sera incapable de s’entendre pour solutionner le problème du précipice fiscal avant les élections présidentielles de novembre et probablement pas non plus après.
De son côté, le stratège de Nomura, Bob Janjuah, prévoit une baisse de 20 à 25% du S&P 500 dans les trois prochains mois. C’est la deuxième manchette. Ce stratège explique sa prévision entre autres par le fait qu’il croit que les investisseurs seront déçus par l’absence de geste spectaculaire de la Federal Reserve pour stimuler l’économie.
Si mon ton est ironique, ce n’est pas qu’il s’agisse de craintes sans fondement. C’est que le marché haussier qui dure depuis mars 2009 s’est nourri, de façon spectaculaire ajouterai-je, de toutes ces craintes et de tous les problèmes macro-économiques. Si on désire qu’Il se poursuive, il faut donc de nouvelles inquiétudes (et d’autres pas vraiment nouvelles, mais enfin...), n’est-ce pas ?
Qu’en pensez-vous ?
Bernard Mooney