BLOGUE. La meilleure performance des titres à grande capitalisation attire de plus en plus l’attention. En fin de semaine, ce fut au tour du New York Times de publier un article au sujet des «mégacaps», ces titres dont la valeur boursière excède 50 milliards de dollars (G$) US.
Selon le quotidien, l’indice Russell Top 50 (indice que je connaissais pas) représentant les plus gros titres américains s’est apprécié de plus de 14% depuis le début de l’année alors que l’indice Russell 2000, représentant les titres américains à petite capitalisation a gagné 1%. Pendant ce temps, l’indice MSCI EAFE représentant les titres internationaux a perdu plus de 15%.
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Sur une base relative, le Top 50 de Russell a battu les titres internationaux par 29% en seulement sept mois. C’est majeur.
Plusieurs raisons expliquent la performance supérieure des grosses sociétés et j’en ai parlé souvent. Entre autres, dans un monde où le rendement des obligations approche le zéro, les rendements en dividende des Johnson & Johnson de ce monde (plusieurs dépassant le 3%) est attrayant.
Mais il y a une raison que peu de gens mentionnent et qui a son importance. Les sociétés à très grande capitalisation profitent de façon disportionnée des largesses du marché obligataire. Un exemple vous fera comprendre : la semaine dernière IBM a annoncé une émission de 1G$US d’obligations de 10 ans avec un taux d’intérêt de 1,875%. Oui, vous avez bien lu. Le géant bleu emprunte un milliard pour 10 ans et paiera un coupon annuel inférieur à 2% à ses créanciers.
C’est environ le même taux que le rendement en dividende de son action (c’était le cas lors de l’annonce). Et je peux vous garantir que son dividende sera nettement plus élevé dans 10 ans !
Le taux payé par IBM est le plus bas jamais obtenu pour une émission d’obligations corporatives aux États-Unis. Il bat le record établi le 21 juin par nulle autre que 3M, autre mégacap (2% pour 600M$US d’obligations).
Le marché obligataire devient donc une machine à procurer du capital «cheap» aux grandes sociétés. Et plus elles sont grandes, moins ce capital coûte cher. Par exemple, la semaine dernière, le géant Internet eBay a fait elle aussi une émission d’obligations, payant 2,6% pour la tranche venant à échéance dans 10 ans (elle a payé 0,7% pour ses trois ans !).
Si vous tenez compte que les frais d’intérêt sont déductibles d’impôts, vous constatez que ce capital coûte pratiquement rien. Ce n’est pas pour rien que de plus en plus de directions en profitent. Dans le cas d’eBay, la direction mentionne ouvertement qu’elle n’a pas besoin d’argent (son encaisse dépasse 7G$US), mais qu’elle profite des conditions du marché pour ajouter à ses liquidités.
Pour revenir à IBM, en utilisant l’argent de son émission pour racheter de ses actions, elle crée presque automatiquement de la richesse pour ses actionnaires. Et ce sont les investisseurs obligataires qui paient la note !
Plus les taux d’intérêt baissent et plus le contexte de bas taux dure longtemps, plus les méga-caps en profitent.
Bernard Mooney