Au début d'octobre, Warren Buffett, président de Berkshire Hathaway, a admis sur les ondes de la chaîne financière CNBC qu'il avait commis une erreur en achetant des actions de la société britannique Tesco.
«J'ai fait une immense erreur», a-t-il déclaré sans laisser de place pour les excuses ou les échappatoires.
Quelques jours plus tard, le Wall Street Journal révélait que M. Buffett avait réduit sa participation dans le géant du commerce de détail à moins de 3 %, ayant vendu pour au moins 232 millions de dollars d'actions.
Le titre de Tesco a perdu près de 50 % de sa valeur cette année en raison de mauvais résultats et d'erreurs comptables.
Au 31 décembre 2013, Berkshire Hathaway avait 301 millions d'actions de Tesco d'une valeur au marché de 1,7 milliard de dollars, correspondant approximativement à leur coût. Au 22 octobre, M. Buffett affichait une perte d'un peu moins de 800 M$ US sur son placement depuis le 1er janvier.
Sur la base de la valeur de Berkshire, c'est un détail insignifiant représentant moins de 1 % avant impôts de son portefeuille d'actions de plus de 100 G$ US. C'est comme si votre portefeuille valant 100 000 $ avait subi une perte de 800 $. Décevant, mais sans plus.
L'importance d'avouer...
Pourquoi donc Warren Buffett prend-il la peine d'avouer publiquement son erreur ? La réponse est simple, mais fondamentale. Il sait qu'il est très important de s'avouer à soi-même ses erreurs. Alors, quoi de plus efficace pour y arriver que de le faire à la télévision ?
Vous n'avez pas cette «chance» de vous faire interviewer à la télé, mais vous avez avantage à l'imiter, et cela, pour diverses raisons.
Je vous annonce tout d'abord une mauvaise nouvelle. Vous êtes un être humain, et l'un des fardeaux de la condition humaine est cette propension à l'erreur. Et c'est encore plus vrai à la Bourse. Peu importe votre génie, peu importe votre travail, peu importe la qualité de votre processus de placement et peu importe la solidité de votre jugement, vous commettrez des erreurs.
Le plus choquant ou renversant est que c'est vrai non seulement lorsqu'on commence à la Bourse, mais également après 50 ans. Dans ce sens, l'exemple de Warren Buffett est libérateur.
M. Buffett investit depuis 60 ans. Sa performance est phénoménale. Il a la meilleure connaissance du monde des affaires qu'on peut rêver d'avoir. Et je suis convaincu que, d'un coup de fil, il peut obtenir presque n'importe quelle information d'une de ses relations de son précieux réseau bâti depuis les années 1950.
Il a aussi, bien évidemment, des milliards de dollars en capital.
Et, voyez-vous, même lui, il fait des gaffes, comme c'est le cas avec Tesco. Incroyable, n'est-ce pas ?
N'est-ce pas libérateur d'admettre que vous aussi, comme votre ami Warren, vous faites des erreurs ? Il me semble qu'il devient en effet un peu plus facile d'avouer ses erreurs (il ne faut pas se leurrer, car ce n'est jamais facile).
... et d'apprendre de ses erreurs
Admettre ses erreurs est le premier pas. L'autre, aussi important et peut-être plus, c'est d'apprendre de ses erreurs. En effet, si perdre de l'argent n'est jamais réjouissant, au moins, on peut se consoler en essayant d'apprendre, de façon à s'améliorer à titre d'investisseur pour faire plus d'argent à long terme.
Il y a deux grandes catégories d'erreurs. La première est l'erreur de commission, soit celle selon laquelle vous achetez un titre et, ce faisant, vous vous rendez compte quelques années plus tard que vous avez commis une erreur.
C'est facile à déterminer. Par exemple, vous avez investi 10 000 $ dans le titre ABC il y a cinq ans, et aujourd'hui, ce placement ne vaut que 6 000 $. Cessez de vous illusionner, vous avez commis une erreur. Vous pouvez aussi avoir investi dans une société et constater plus tard que sa performance est loin de vos attentes. Là aussi vous devez constater votre erreur et vendre.
L'autre grande catégorie, ce sont les erreurs d'omission. C'est le cas lorsque vous avez repéré un titre superintéressant et que malgré votre analyse en profondeur vous ne l'avez pas acquis. Pourtant, il faisait partie des titres sous votre compétence, dans un secteur que vous appréciez et connaissez.
Pour une mauvaise raison, vous ne l'avez pas acheté, pour le voir s'apprécier de façon importante au fil des ans.
Il est beaucoup plus difficile de reconnaître ces erreurs, car elles ne laissent pas de trace sur vos états de compte. Vous devez donc faire preuve d'humilité pour y arriver.
Là encore, le but n'est pas de vous déprimer, mais de toujours chercher à vous améliorer. Si vous pouvez éliminer des facteurs extérieurs, comme la peur des fluctuations ou encore le désir irrationnel de prédire ce que fera le marché demain, vous pouvez devenir un meilleur investisseur à long terme.
Il est donc important de voir les erreurs, non pas comme des événements tragiques, mais comme des occasions de se parfaire. Si c'est vrai pour Warren Buffett, c'est également vrai pour les investisseurs ordinaires comme vous et moi.
Bourse: un trimestre bien spécial
Même si la moitié de la période des résultats du trimestre clos le 30 septembre n'est pas encore écoulée, nous pouvons déjà affirmer qu'il s'agit d'un trimestre très spécial. En effet, on a rarement vu, et probablement jamais, trois multinationales d'aussi grande envergure qu'IBM, Coca-Cola et McDonald's publier d'aussi mauvais résultats. Et cela, en dedans de 24 heures. L'aspect le plus surprenant est probablement la réaction du marché boursier dans son ensemble, qui a tout simplement haussé les épaules et regardé ailleurs pour continuer son rebond. Vraiment exceptionnel. Coke, par exemple, a vu son bénéfice par action chuter de 13 % pendant le trimestre, alors que ses revenus ont été stables.