BLOGUE. Cela devrait être une période en or pour les grands producteurs d’or. Mais ce n’est pas le cas. Loin de là!
La firme de notation de crédit DBRS a publié une étude approfondie sur la rentabilité des gros producteurs d’or. Selon moi, cette étude démontre à quel point ces titres sont des désastres pour les investisseurs à long terme.
Dans sa recherche, DBRS a étudié la performance de 10 des plus importantes aurifères au monde, des noms comme Barrick Gold, Goldcorp, Newmont Mining, Agnico-Eagle, Franco-Nevada, etc.
Malgré des prix record pour le métal précieux (il est passé de 600$US l’or en 2007 à plus de 1 600$US en 2011), l’industrie n’a pas généré un seul dollar de fonds libres («free cash flow», soit les fonds autogénérés moins les dépenses en immobilisations) de 2007 à 2011. C’est vrai pour chaque année, même en 2011 alors que le prix de l’or a atteint son sommet de tous les temps à près de 1 800$US l’once.
Les fonds autogénérés ont bien augmenté, passant d’un peu plus de six milliards de dollars (G$) US en 2007 à plus de 17G$US l’an dernier. Toutefois, les dépenses en immobilisations ont augmenté plus encore, soit au rythme annuel composé de 18,2% pendant ces cinq ans, selon DBRS. Concrètement, cela signifie que ces dépenses sont passées d’un peu plus de 7G$US à plus de 14G$US.
Ces aurifères ont ainsi dépensé deux fois le montant annuel de leur amortissement et dépréciation.
Pour comprendre l’importance de cette situation, il convient d’expliquer le concept des fonds autogénérés libres (FAL). Supposons que vous avez une entreprise qui réalise des bénéfices de 100M$. En théorie, vous pouvez disposer de cet argent pour vous verser de généreux dividendes.
C’est vrai à une nuance près: vous devez conserver de l’argent pour investir dans vos activités de façon à maintenir sa capacité bénéficiaire. Ce qui peut vouloir dire acheter de nouveaux équipements, rénover votre usine, etc.
Sur ce plan, les besoins des entreprises varient énormément, selon leurs activités et leurs secteurs.
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L'exemple de Visa
En tant qu’investisseurs, vous voulez mesurer l’argent à la disposition de la direction, après ses investissements, parce que c’est cet argent qui pourra vraiment servir à vous enrichir (par des dividendes plus élevés, des rachats d’actions, des acquisitions stratégiques, etc.).
Dans mon livre à moi, une entreprise qui ne génère pas de FAL année après année détruit de la richesse et elle n’a aucun intérêt.
Je vais vous donner un exemple. Il y a quelques jours, un lecteur m’a posé une question sur les états financiers de Visa, le réseau de cartes de crédit.
En 2011, Visa a réalisé des bénéfices nets de 3,6G$US et a généré plus de 3,8G$US. Elle a par ailleurs investi 353M$US dans ses activités, laissant des FAL de 3,5G$US. Ce n’est pas une année exceptionnelle car la société affiche des FAL de 2,5G$US en 2010 malgré le fait qu’elle ait mis de côté 1G$US pour régler une poursuite.
En fait, trimestre après trimestre, Visa génère des FAL élevés qui peuvent servir à enrichir ses actionnaires. À long terme, il est beaucoup plus facile de faire de l’argent en investissant dans ce genre d’entreprises.
Ce qui me fait dire que si j’étais actionnaire de sociétés productrices d’or, je me demanderais sérieusement quand elles seront capables de générer des FAL.
Bernard Mooney